La pâte de verre Daum

Daum Pâte-de-Verre décor au Scarabée et Coccinelle

La pâte de cristal, aussi appelée pâte de verre, est une technique de travail du verre ancienne de quelque 5000 ans avant J.C. Connue des Égyptiens, le procédé de la pâte de verre fut redécouvert en 1900 par Daum peu après sa fondation, vers 1878.

A l’aide d’un ingénieux système de fonderie et de moulage à la cire perdue, conçu par Daum, la pièce d’origine peut être reproduite de manière irréprochable, d’une précision dans les contours impossibles à atteindre avec le cristal soufflé.

vase en pâte de verre, signé Daum Nancy,
Petit vase en pâte de verre, signé Daum Nancy, à décor dégagé à l’acide Galerie Luc de Laval (c) Proantic

La pâte de verre, matière d’exception, est une substance changeante que Daum a su mettre au service de sa créativité sans limites depuis la fin du XIXème siècle. À partir de 1968, la fabrique Daum remet à l’honneur en la modernisant l’antique technique de la pâte de verre , avec une pâte de cristal constituée de 30 % plomb environ.

Le processus utilisé par Daum, s’apparentant à une sculpture à la cire perdue, est le suivant selon plusieurs étapes. D’abord, à partir d’une esquisse, le sculpteur réalise un modèle en terre cuite. Un moule en élastomère est ensuite confectionné en négatif, par dessus le modèle, et vient épouser tous les détails de la sculpture, il permet de tirer 50 à 200 exemplaires. Ce moule est rempli de cire liquide chaude puis refroidie, afin d’obtenir un objet en cire durcie identique au modèle original.

L’objet en cire est noyé dans du plâtre réfractaire, dans lequel un trou est pratiqué, le plâtre constituant un moule en négatif de l’objet et l’ensemble est placé dans une étuve, où la cire fond sous l’effet de la chaleur et s’évacue par le trou. Le plâtre est alors rempli de groisil , qui sont des fragments de cristal de diverses formes et couleurs, dans des proportions précises.

Daum Pâte-de-Verre décor au Scarabée et Coccinelle
Daum Pâte-de-Verre décor au Scarabée et Coccinelle, 20 ème Galerie Tramway (c) Proantic

L’ensemble est placé dans un four à 900° pendant une durée de 10 à 20 jours, selon la taille de l’objet. Le groisil, fondant sous l’effet de la chaleur, il génère les nuances de couleurs. De par une palette de couleurs riche et subtile ainsi obtenue, il n’y a pas deux pièces identiques. À la sortie du four, la sculpture brute, en pâte de cristal, est délicatement libérée de son moule, lequel est brisé rendant chaque pièce unique.

L’objet d’art ainsi obtenu est perfectionné par des finitions entièrement réalisée à la main, enfin la marque et, pour les pièces à série limitée, le numéro du tirage, voire pour certaines éditions d’art la signature de l’artiste, sont gravés.

Daum Nancy. Pâte de verre.
Daum Nancy. Pâte de verre. Coupelle à Décor floral émaillé, vers 1900. Antiquités La Légende (c) Proantic

Près de 300 designers se sont confrontés à cette matière transparente et opaque à la fois, colorée comme un bonbon, qui emprisonne si bien la lumière. La mise au point d’une pièce requiert au minimum un an de travail.  C’est dans la fabrique de Nancy que sont réalisés tous les prototypes, la phase industrielle se déroulant à Vannes-le-Châtel (Meurthe-et-Moselle), à une cinquantaine de kilomètres

 Daum est aujourd’hui considéré comme le seul cristallier au monde à maîtriser aussi parfaitement la technique de la pâte de verre.

Histoire de la Verrerie Daum

Suite à la guerre de 1870, Jean Daum (1825 – 1885), notaire à Bitche, vend son étude et opte pour la France. Il s’installe à Nancy en 1876 et rachète en 1878 une verrerie. En 1878, il y associe son fils Auguste. À sa mort en 1885, Auguste prend seul la direction de la verrerie avant d’être rejoint en 1887 par son frère Antonin, tout juste diplômé de L’école centrale des arts et manufactures .

La production de la verrerie va s’orienter vers la création artistique. Les deux frères préparent entre 1889 et 1891 la création d’un département artistique qui est confié à Antonin. Auguste lui donne tous les moyens de travailler pour suivre le sillage creusé par Émile Gallé dans la verrerie Art nouveau.

Antonin commence avec quelques modèles simples pour continuer rapidement avec la gravure à l’acide,, puis, en passant à des modèles utilisant les techniques de gravure à la roue, de verres à deux ou trois couches. De 1890 à 1914, il ne crée pas moins de trois mille références.

Jacques Grüber est le premier artiste de la verrerie. Recruté en 1893, on lui confie la création de pièces en vue de figurer à l’exposition universelle universelle de Chicago de 1893. Ce fut le premier grand succès qui propulsa Daum dans le cercle fermé des industries d’art. Les Daum y gagnent la participation à l’exposition de Nancy en 1894. Il y eut ensuite les expositions de Lyon (1894), Bordeaux (1895) et Bruxelles (1895 et 1897), au cours desquelles ils reçoivent des distinctions.

Coupe Pâte Verre Opalescent, Daum Nancy
Coupe Pâte Verre Opalescent, Daum Nancy, Art Nouveau, XIXè Galerie Luc Delaval (c) Proantic

Une école de dessin est créée, en 1897, à l’intérieur de l’entreprise qui forme ainsi ses propres décorateurs et graveurs.

Henri Bergé y est maître décorateur, c’est le deuxième artiste de l’entreprise. Il aura à ses côtés Emile Writz à partir de 1898.

La consécration de l’aventure arrive lorsque le premier grand prix pour la verrerie d’art de l’exposition universelle de 1900 est décerné à Daum et à Gallé. Daum y présente des pièces préparés avec soin : le décor intercalaire (brevet de 1899), les luminaires qui deviennent une spécialité.

En 1904, Almaric Walter y développe des pâtes de verre , il restera chez Daum jusqu’en 1915.

L’Exposition Universelle de 1900 apporte la reconnaissance internationale avec la remise d’un Grand Prix. En 1901, Daum fondera avec les artistes Majorelle et E.Gallé l’Ecole de Nancy, fer de lance de l’Art Nouveau. L’entreprise continue de participer aux grandes expositions : Barcelone en 1923, Exposition internationale des Arts déco à Paris en 1925, Exposition coloniale à Paris en 1931.

Les Daum assurent après 1918, l’adaptation de l’entreprise aux nouvelles conditions de production, soucieux d’y maintenir qualités, techniques et orientations esthétiques plus qu’utilitaires.

Dans les années 1920, Paul oriente la production vers l’Art déco devant la perte d’intérêt du public pour l’Art nouveau. La cristallerie existe toujours et sa production est internationalement connue pour la qualité de ces créations.

Après la Seconde Guerre mondiale, le cristal prend une place prépondérante, sous la direction d’Henri et de Michel Daum. L’aîné des petits-enfants d’Antonin, Antoine Froissart (1920-1971), met au point la fabrication d’un cristal particulièrement transparent et brillant. Ce nouveau cristal favorise la création de pièces aux formes épaisses et souples, et à l’aspect lumineux. Jacques, petit-fils d’Auguste, apporte un souffle nouveau en 1965 en faisant appel à des créateurs contemporains.

Moine Dansant en Pâte de verre,Daum France
Moine Dansant en Pâte de verre,Daum France
Biarritz Antiques (c) Proantic

En 1976, Pierre de Chérisey, petit-fils d’Antonin, est le dernier président de la famille Daum à la tête de l’entreprise (jusque dans les années 1990).

Rachetée majoritairement en 2000 parAxa Private Equity  et le Crédit agricole et l’orfèvre Tétard 1860 est aux prises avec des soucis financiers, la cristallerie dépose le bilan en 2003 avant de se reconstituer la société est rachetée par le financier algéro-français Prosper Amouyal via sa holding Financière Saint-Germain en mai 2009.

 

 

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