Signature de l’artisan, l’estampille est un marquage du nom du menuisier ou de l’ébéniste, réalisé au fer ou au poinçon de fer gravé en relief. D’habitude il s’agissait du nom du fabricant de meuble écrit en entier ou simplement de ses initiales, ou d’un monogramme. Sur les meubles les plus fragiles, la marque ne pouvant pas être gravée était écrite à la plume et à l’encre.
Ce marquage pratiqué avant le XVIIIème siècle n’a été rendu obligatoire qu’a partir de 1743 par la jurande des maîtres menuisiers et ébénistes, qui exigeait que se signalent ainsi ceux qui devaient payer l’impôt. L’apposition de cette marque permettait aux contrôleurs de distinguer les ouvrages, et de taxer tel ou tel menuisier en fonction de la qualité et de la quantité des pièces fournies. Les maîtres ayant les privilèges royaux, c’est à dire oeuvrant pour la Couronne, étaient dispenser de payer la taxe, et donc d’estampiller systématiquement leurs ouvrages.
Le maître n’avait droit qu’à une estampille, la même tout au long de son exercice professionnel. Cependant, il n’est pas dit que se soit le maître en personne qui ait réalisé l’ouvrage. L’estampille prouve juste que la pièce est sortie de ses ateliers, et a été réalisée sous sa direction, ou avec son approbation. L’estampille n’était apposée qu’à la sortie des meubles de l’atelier.
Sans minimiser l’action des l’ébénistes ou des menuisiers car c’est de leurs directives que dépend la réussite de la pièce terminée, il est à noter que dans la plupart des cas les meubles sont le fruit d’un travail collectif. Un meuble peut comporter plusieurs estampilles; celle du menuisier, mai aussi celle du sculpteur, du marqueteur, du bronzier, etc, voire celle du marchand –mercier qui passe commande à divers ateliers.
Le marqueur en fer servant à l’estampille, en exemplaire unique, est inauguré à l’accession à la maîtrise enregistrée à la jurande des maîtres menuisiers et ébénistes par un dépôt dans une plaque de plomb témoin chez le procureur général de Chastellet. . Une tolérance à la règle de l’estampille unique est parfois établie: souvent, après le décès d’un maître, ses fils peuvent utiliser son estampille en toute légalité. le marquage de l’estampille se fait en appliquant le fer, chauffé ou non, à l’endroit prévu sur le meuble. Les emplacements des meubles sur lesquels figurent les estampilles sont peu visible.
On pourrait expliquer l’absence de marquage par deux raisons principales :
- la première : si dans un ensemble de sièges destinés au même client le menuisier avait la possibilité de tout estampiller, il lui arrivait d’estampillé que quelques-uns uns. Ce qui explique que si l’ ensemble, se trouvait divisé aux hasards du temps,nous perdons à jamais, son identité, celle de l’auteur.
La seconde: serait celle du menuisier livrant directement au marchand-mercier. Celui-ci n’était pas soumis à l’obligation de vendre des ouvrages signés, aussi l’artisan vendait son travail sans l’avoir marqué, il était alors, en règle avec la corporation.
L’obligation d’estampiller les meubles a pris fin à la révolution française, avec l’abolition des privilèges lors de la suppression de la jurande en 1790. Ainsi, la Révolution marquait la fin du système corporatiste qui réglait la vie de la majorité des ouvriers depuis le Moyen-âge. Cependant, de nombreux artisans ont continué d’apposer leur marque sur leurs créations, tant au 19 ème siècle qu’au 20 ème siècle.