Le musée de Tessé présente l’exposition « L’étoffe des Flamands, mode et peinture au XVIIe siècle » jusqu’au 29 janvier 2023. Par la diversité des thèmes abordés, elle offre une approche inédite du costume et de son évocation par les écoles du Nord.
Les musées des Beaux-Arts du Mans, d’Angers et de Tours s’associent pour proposer, à partir des collections de peinture nordique de ces trois musées, une exposition consacrée au dialogue entre mode et peinture dans les Pays-Bas au XVIIe siècle.
Le parcours aborde, de manière très large, des questions sociales, commerciales, économiques et même philosophiques propres aux Pays-Bas de cette époque. Les vêtements et la mode ne sont pas considérés du seul point de vue de l’histoire des formes mais étudiés en tant qu’expression des problématiques propres à la société néerlandaise du XVIIe siècle.
L’exposition s’interroge sur la relation au vêtement entretenue non seulement par les élites mais aussi par les classes sociales plus modestes, en étudiant leurs modes de production, de commercialisation et de consommation dans la société néerlandaise du XVIIe siècle. On insiste aussi tout particulièrement sur trois industries « locales » liées à la production textile, particulièrement florissantes pendant la période, et qui connurent à l’international un succès commercial considérable.
- La dentelle,
- le lin, en particulier à Haarlem,
- le drap de laine, à Leyde.
Au XVIIe siècle, pour être honorable, une femme des classes aisées doit être mariée. Un accessoire en particulier symbolise ce statut : les gants « de mariage ». Offerts par le fiancé à sa future épouse, ils sont utilisés lors de la cérémonie nuptiale. La mariée doit s’y déganter pour serrer la main de son époux, en signe de fidélité conjugale. Cette somptueuse paire de gants est ornée d’un décor brodé à symbolique conjugale, mêlant l’œillet (amour et mariage) et la violette (virginité et humilité).
Ce portrait de groupe par Pieter Soutman représente une riche famille de Haarlem. Saisis dans des attitudes très naturelles, les modèles nous donnent à voir comment on se mouvait dans ces vêtements peu commodes, notamment avec les contraignantes fraises – qui en 1630 allaient d’ailleurs très rapidement passer de mode. Les parents ont revêtu des tenues formelles noires, habituelles dans les portraits des bourgeois. Les enfants et les servantes permettent de voir des tenues colorées plus informelles peu représentées d’ordinaire.
Cette jeune femme porte fièrement de nombreuses dentelles, qui ornent la bordure de sa chemise et sous forme d’une large bande accentuant l’horizontalité de la silhouette. Elle porte aussi une « gorgerette » presque transparente, une pièce de lingerie en fine batiste qui couvre le décolleté. Les dentelles, en fil de soie ou de lin, constituaient des accessoires extrêmement coûteux. Très en vogue au XVIIe siècle, elles provenaient principalement d’Italie et de Flandre.
Au XVIIe siècle, Leyde, au nord de La Haye, est la capitale mondiale du drap de laine. La ville exporte ses étoffes dans le monde entier. La guilde des marchands-drapiers contrôle la qualité de toute la production. On vérifie d’abord la longueur et les finitions des tissus puis on teste la solidité de la teinture des draps noirs – les plus chers : des échantillons sont mis à bouillir puis on les consigne dans ces albums, avec les coordonnées du fabriquant, tandis que les tissus eux-mêmes sont marqués de plombs de contrôle qui servent de garantie de qualité pour les acheteurs.