L’exposition  » Les Meilleurs Ouvriers de France »

À la fois historique, ethnographique et d’art contemporain, l’exposition montre le travail d’excellence de médaillés au concours « Un des Meilleurs Ouvriers de France » (hors métiers de l’alimentation/restauration). Lancé en 1924 à l’occasion de la première Exposition nationale du Travail, à Paris, ce concours a été créé pour valoriser le travail et l’ingéniosité d’ouvriers et d’artisans.

Fleur de Bengale
Nathalie Chenevrier © Musée des arts
et métiers-Cnam / Photo
Hélène Mauri

Construite sur la base d’une enquête de terrain réalisée auprès de vingt MOF dans toute la France, l’exposition met en regard les savoir-faire de ces artisans et leurs créations avec une sélection de pièces issues des collections du Musée des arts et métiers. L’ensemble est présenté dans une scénographique inédite, enrichie d’éléments conçus pour l’exposition par des MOF, notamment une bibliothèque proposant une sélection de 25 œuvres, réalisées par des joailliers, brodeurs, couturiers, verriers, horlogers ou encadreurs.

Les panoplies d’outils
Franz Wertheim (1814-1883), fabricant, Autriche, Vienne, avant 1855.
© Musée des arts et métiers-Cnam / Photo Hélène Mauri

Les objets patrimoniaux, documents d’archives et créations contemporaines invitent le visiteur à découvrir les outils, les matériaux, les lieux de production mais aussi les processus de création ainsi que la vie de ces ouvriers d’exception. L’installation vidéo MOF (David Ayoun, Thierry Caron, Arnaud Dubois, 2017) qui clôture le parcours révèle les gestes techniques et esthétiques des Meilleurs Ouvriers de France dans leur atelier travaillant le papier, le tissu, le verre, le bois, la pierre, le bronze.

Coffre d’outils de menuiserie-ébénisterie
Aux Mines de Suède, vers 1880
Inv. 21235
© Musée des arts et métiers – Cnam / Photo Hélène Mauri

En replaçant l’humain au cœur de l’exposition, Les Meilleurs Ouvriers de France rend ainsi compte de la richesse et de la diversité des pratiques actuelles, inscrites dans une longue tradition artisanale.

Parcours de l’exposition

A – Entrée

– L’enquête ethnographique
La trame de l’exposition Les Meilleurs Ouvriers de France repose sur une enquête ethnographique réalisée auprès de vingt MOF, hors métiers de bouche et de services, lauréats du concours en 2015. Arnaud Dubois, anthropologue et Thierry Caron, photographe et documentariste, ont parcouru la France pendant trois mois pour aller à la rencontre de ces artisans dans leur atelier. Cette enquête montre le corps de ceux qui conçoivent et produisent des artefacts, et révèle les gestes nécessaires à la production des choses, afin de donner à voir tout le savoir incorporé dans les objets. En replaçant l’humain, son corps et son savoir corporel au centre des collections du musée, l’exposition va ainsi au-delà de la tradition des expositions du travail qui ne donnent à penser les métiers qu’au travers des seuls objets et chefs-d’œuvre.

Atelier de faïencerie, maquette, 1783
© Musée des arts et métiers-Cnam/photo Michèle Favareille

– Portraits de mains
Une série de portraits de mains ouvre l’exposition. Photographiées à la fin des journées de travail, les paumes tournées vers le spectateur invitent à découvrir les MOF par le « premier et plus naturel objet technique de l’homme ». Ces mains sont en relation directe avec la Coupe du Travail et entrent en résonance avec les panoplies d’outils exposées plus loin.

Fil à broder, av. 1881
© Musée des arts et métiers-Cnam / Photo Hélène Mauri

 

– Histoire du concours « Un des Meilleurs Ouvriers de France »
La première édition du concours « Un des Meilleurs Ouvriers de France » date de 1924. Elle est soutenue par les autorités et organisée à l’occasion d’une exposition nationale du travail. Ce concours a pour but de mettre en valeur le travail et le savoir-faire d’ouvriers et d’artisans relevant de différents domaines professionnels, que ce soit le travail du
bois ou du fer, la cuisine, la couture ou la joaillerie, entre autres exemples.
Depuis les 142 lauréats récompensés en 1924, 24 éditions du concours ont confirmé l’attraction qu’exercent les expositions sur le public. Derrière ces vitrines de l’excellence, plus de 2 500 candidats se sont inscrits en 2015 ; 225 ont reçu le diplôme «Un des Meilleurs Ouvriers de France» et le droit de porter le liseré bleu blanc rouge.

L’œuf revisité, tournage et torsage
sur bois,
Patrick Noble
© Patrick Noble

B – Grande salle

– Fleur de Bengale

À l’entrée de la grande salle, le visiteur emprunte un couloir entièrement tapissé d’un papier peint original, créé pour l’exposition par quatre artistes-artisans MOF de la Holding Textile Hermès : une styliste dessinatrice, une dessinatrice, un imprimeur et une sabreuse. Le motif de base est inspiré d’un dessin de la fin du XIXe siècle réalisé par le cabinet Arthur Martin pour la maison Mathevon et Bouvard, éditeur de tissu d’ameublement. Il s’agissait d’une esquisse préparatoire destinée au métier à tisser Jacquard.
La transcription qui en est donnée l’ancre dans un univers plus contemporain inspiré de la mode et de la photographie. La superposition de taches colorées crée des vibrations et un dialogue entre les plans visuels. Tel un feu d’artifice,
les couleurs jaillissent en «Fleur de Bengale».
Cette entrée en matière fait écho à la maquette de machine à imprimer les papiers peints à 4 couleurs présentée un peu plus loin dans l’exposition avec ses accessoires associés, l’accrocheuse et la sécheuse;

Scène de désert, marqueterie d’art,
Pierre-Henri Beyssac
© Pierre-Henri Beyssac

– Les panoplies d’outils

Franz Wertheim (1814-1883), fabricant, Autriche, Vienne, avant 1855 . Assemblés en panoplies sur un tissu rouge, ces outils de menuisier, tourneur ou tonnelier proviennent des fabriques de Franz Wertheim (1814-1883), établies en Autriche depuis 1841. La qualité des outils ainsi que la visée pédagogique des présentations sont particulièrement
remarquables. Au XIXe siècle, un même outil pouvait avoir plusieurs noms. Wertheim propose, en répertoriant l’outillage par métier, une normalisation des appellations.
À l’Exposition universelle de 1855, à Paris, Franz Wertheim obtient une grande médaille d’honneur et est décoré de la Légion d’honneur pour les outils exposés. Le Conservatoire impérial des arts et métiers les achète pour servir de modèles dans les formations qu’il dispense. À l’occasion de l’exposition, cet ensemble est sorti des réserves pour être montré au public.
Trois de ces panoplies ont bénéficié d’une restauration minutieuse par une équipe pluridisciplinaire, spécialisée dans le traitement du métal, du textile et du bois. Cette opération a nécessité deux mois de travail.

Vanessa Bunet,
Meilleur Ouvrier de France, perlière d’art
© Thierry CARON / Divergence

– Les métiers du bois

Contenant plus de 200 outils, ce coffre figurait au catalogue de la quincaillerie « Aux Mines de Suède », à Paris, rue Lamartine puis rue de Rochechouart. Spécialisée dans la ferronnerie et la serrurerie pour l’ameublement, l’entreprise est active des années 1860 aux années 1930.
Son savoir-faire est récompensé par plusieurs médailles, notamment à l’Exposition universelle de 1889. Elle produit toute sorte d’outils utiles aux menuisiers-ébénistes pour mesurer, tracer, couper, percer et travailler le bois. La richesse de ce coffre ne doit cependant pas masquer la coutume qu’ont les ébénistes à cette époque de fabriquer leurs outils eux-mêmes.
L’espace est complété par un établi d’affûtage à double presse présenté dans l’atelier d’ébéniste du XVIIIe siècle tel qu’il était reconstitué dans le cadre de l’Exposition universelle de 1889 à Paris, ainsi que par des échantillons de bois d’ébénisterie et de vernis.

– L’horlogerie

Cette vitrine présente une sélection d’outils, machines et appareils horaires choisis par Luc Monnet et Jean Darricarrère, deux horlogers, Meilleurs Ouvriers de France, parmi les trésors conservés dans les réserves du musée. Suivant une histoire chronologique, on y découvre des matières brutes, des outils courants, des appareils d’étude et d’essai, des outillages extrêmement élaborés jusqu’au chronomètre de marine prêt à embarquer.
Parmi ceux-ci, la collection de ressorts d’horlogerie pour montres, pendules et chronomètres réalisés par Louis Albert Chappart a bénéficié, pour l’occasion, d’une restauration minutieuse, de plus de deux mois, réalisée par l’équipe de l’atelier de restauration du musée.
Les instruments exposés, fruit d’un travail intense, représentent un condensé des savoirs théoriques et pratiques de pointe. Ils illustrent parfaitement l’ingéniosité et l’habileté de ces artisans, maîtres du passé.

– Les maquettes de Madame de Genlis

En 1783, Madame de Genlis, «gouverneur» des enfants du duc d’Orléans – dont le futur Louis-Philippe – fait réaliser une série de modèles représentant, à échelle réduite, les ateliers de divers artisans afin de permettre à ses élèves d’acquérir des connaissances sur les arts et les métiers. Treize de ces maquettes sont parvenues jusqu’à nous. À l’occasion de l’exposition, quatre d’entre elles sont présentées : l’atelier de potier de terre et de fabricant de carreaux, la faïencerie ainsi que la fabrique de porcelaine (deux maquettes).

– Des textiles et des couleurs

L’univers du textile se révèle comme un tableau au fil des couleurs.
Le visiteur y découvre des échantillons de soie, de différentes qualités, provenances et stades de fabrication, entrés dans les collections du Conservatoire entre 1860 et 1880 et présentés à l’époque dans la galerie dédiée à la filature et au tissage. À leurs côtés sont présentés des écheveaux, floches à broder et pelotes de coton destinés à la broderie, à
la ganterie et à la bonneterie.

– La bibliothèque des MOF

Conçue en collaboration avec le MOF ébéniste, Jean Ledermann, cette bibliothèque présente une sélection de 25 œuvres du 25e
concours de 2015, qui a récompensé 225 ouvriers illustrant 200 métiers, de l’artisanat à l’industrie, en passant par les services et l’agriculture. Les épreuves sont très encadrées, les candidats doivent suivre des sujets imposés et respecter des contraintes strictes.

C – La dernière salle

– MOF, 2017

David Ayoun, Thierry Caron, Arnaud Dubois (durée : 30 minutes).
L’installation vidéo du plasticien David Ayoun, conçue à partir des images tournées par Thierry Caron, rend compte du quotidien de ces femmes et hommes d’exception, de la richesse et de la diversité des pratiques actuelles, inscrites dans une longue tradition artisanale. Cette immersion dans l’univers de travail des MOF, restitution artistique de l’enquête ethnographique réalisée dans leurs ateliers, plonge le visiteur au cœur du parcours de vie de ces Meilleurs Ouvriers de France.

En savoir plus: 

L’exposition Les Meilleurs Ouvriers de France, présentée au Musée de arts et métiers du 30 mai au 5 novembre 2017

www.arts-et-metiers.net

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