L’exposition L’Histoire en costumes. L’élégance au XVIIIe siècle, présentée par le Centre des monuments nationaux (CMN) au château de Champs-sur-Marne inaugure un cycle de trois expositions organisées dans ce monument et destinées au grand public sur le thème du costume. L’édition 2016 présente, au cœur des collections du château, une trentaine de vêtements en usage au Siècle des Lumières : vêtements de cour, de campagne, de domestiques et d’enfants. En 2017 et en 2018, L’Histoire en costumes se déclinera en deux autres volets : L’élégance au XIXe siècle et L’élégance des robes de mariées.
Durant le XVIIIe siècle, l’élégance fait partie du savoir-vivre à la française. Les hommes comme les femmes rivalisent de raffinement dans la composition et l’ornementation de leurs tenues vestimentaires.
Les collections et les créations de Nathalie Harran, historienne de l’art et directrice de La Dame d’Atours, ont été reconstituées d’après des documents d’époque et sont présentées dans différentes pièces du château. Au fil des pièces, les mannequins ressuscitent les modes et les époques à différents moments de la journée pour mettre en valeur la diversité des tissus, motifs et autres accessoires de cet art parfois fantasque.
Cette exposition convie le visiteur à redécouvrir ces garde-robes raffinées du Siècle des Lumières. Elle permet également de découvrir ou de redé- couvrir les intérieurs de la demeure aristocratique de Champs-sur-Marne dans lesquels se sont côtoyés les membres d’une famille noble et leurs domestiques.
LE XVIIIe SIÈCLE AU PRISME DE LA MODE
Cette exposition, la première organisée au château de Champs-sur-Marne par le Centre des monuments nationaux, mettra en lumière l’importance du paraître au XVIIIe siècle pour les hommes comme pour les femmes, à une époque où l’aristocratie se pose en modèle pour la société des Lumières.
La mode au temps de la Pompadour
L’exposition s’intéressera plus particulièrement à la période Pompadour, la Marquise ayant résidé au château de Champs-surMarne pendant deux ans à partir de 1757. Les cours d’Europe rivalisent alors de fastes et la France de Louis XV n’y fait pas exception : la robe à la française, tenue féminine d’apparat par excellence, devient au milieu du siècle un modèle d’élégance ultime, et se décline en de multiples tissus, avant que la recherche de simplicité ne lui fasse préférer la robe à l’anglaise.
La Marquise de Pompadour joue un rôle de premier plan dans l’évolution des modes vestimentaires à la cour, n’hésitant pas à s’inspirer des costumes de théâtre ou des tenues portées par les diplomates ottomans en ambassade à la cour de France. Exotisme et originalité sont les maîtres mots qui régissent la mode du temps, aussi bien dans la forme que dans les tissus qui composent les vêtements.
Un goût prononcé pour l’Orient
Les costumes se parent d’étoffes précieuses : la soie, la dentelle, le taffetas, le satin ou encore les brocards sont ainsi travaillés dans plusieurs manufactures françaises telles que Lyon, Tours ou Paris, dont certaines sont restées célèbres pour leur savoir-faire textile. Cette recherche dans les matières ajoute au luxe des tenues, sur lesquelles se déploie une profusion de motifs aussi inventifs que fantaisistes, et notamment exotiques. Les indiennes, ces toiles imprimées de motifs floraux, connaissent ainsi un important succès, aussi bien auprès de l’aristocratie que des classes populaires.
En effet, l’essor des échanges culturels entre l’Orient et l’Occident depuis la fin du XVIIe siècle est à l’origine d’une véritable passion pour la Chine. Cet engouement pour les chinoiseries se retrouve dans la mode du temps, où pagodes sinisantes s’associent aux rayures et aux fleurs. Certains costumes présentés dans le cadre de l’exposition répondent ainsi aux décors des pièces dans lesquelles ils prennent place : le mobilier et les boiseries du Salon Chinois, travail de l’artiste Christophe Huet, reprennent les motifs raffinés de cet Orient fantasmé.
Les métiers de la mode
L’exposition sera l’occasion de découvrir les nombreux métiers qui interviennent dans la fabrication des costumes au XVIIIe siècle. Chaque partie d’un vêtement nécessite un savoir-faire singulier que détiennent tissutiers-rubanniers, boutonniers-passementiers, brodeurs, plumassiers, dentelliers, etc. Ces artisans, souvent organisés en petits ateliers, travaillent selon des codes de confection précis.
S’adapter aux idées nouvelles
Outre l’ornementation opulente des tenues, la mode de cette époque se caractérise paradoxalement par l’influence croissante des idées philosophiques. Ces dernières font la part belle au concept de nature ; la simplicité, la liberté et une nouvelle perception de l’intime en sont autant de marques. L’évolution des vêtements, surtout féminins, tend vers plus de variété, de légèreté, alors que les dessous deviennent moins contraignants. Les tenues s’adaptent à chaque moment de la journée : tenue de chasse, tenue d’amazone, tenue d’intérieur, etc. expriment l’importance pour la classe nobiliaire de disposer d’un vêtement conçu pour chaque activité.
L’apparition des « robes de simplicité », d’un seul tenant et le plus souvent en coton blanc, vers la fin des années 1770, répond à ce même désir de liberté corporelle et de naturel venu d’Angleterre et véhiculé par philosophes des Lumières. Dans cet esprit, les dessous féminins se modifient également : par exemple, le corset est privilégié par les femmes du peuple, plus pratique et moins rigide que le corps piqué utilisé jusqu’alors.
La mode enfantine
Sous l’influence des idées des Lumières, un intérêt nouveau est porté à l’enfant et à ses besoins spécifiques. La mode enfantine rejoint les préoccupations du temps pour la simplicité, d’où les habits en cotonnade blanche qui se généralisent. Certaines formes plus originales font également leur apparition, comme l’habit dit à la matelot, dont un exemple sera présenté dans la Salle à manger des enfants.
En savoir plus:
Au château de Champs-sur-Marne du 8 juin au 2 novembre.
http://www.chateau-champs-sur-marne.fr/