Les miroirs dans l’antiquité et jusqu’au Moyen âge n’étaient que de simples disques de métal légèrement convexes et polis selon la forme du miroir. Ce n’est qu’à partir du XIIIéme siècle, que des miroirs en verre apparurent en Europe. Ces miroirs se composaient d’une surface de verre sur laquelle était appliquée une plaque de plomb ou d’argent poli.
c‘est au XVème siècle à Venise que se développe la fabrication des miroirs étamé (les fameux miroirs au mercure). La méthode d’étamage consistait à revêtir une plaque de verre d’un alliage (amalgame) de mercure et d’étain. On couvrait la surface de feuilles de papier d’étain, qui étaient poncées, lissées et recouvertes de mercure. Puis, on maintenait fermement un chiffon de laine sur la surface à l’aide d’une masse en fer pendant environ une journée. On inclinait ensuite la plaque de verre afin d’enlever le mercure en excès : apparaissait alors une surface lustrée. Ces miroirs vénitiens avaient un grand pouvoir de réflexion et surtout étaient d’une pureté exceptionnelle mais ne pouvaient avoir que des dimensions réduites car ils étaient fabriqués à partir de cylindres de verre soufflé que l’on fendait et que l’on aplatissait sur une pierre.
L’étamage est un travail très long, coûteux et dangereux pour la santé, un artisan miroitier soumis aux vapeurs nocives du mercure dépassait rarement l’âge de 30 ans. Le procédé sera interdit à partir de 1850, avec la découverte de la technique moderne de l’argenterie.
La fabrication des glaces avait pris un tel développement, dans la ville des doges, que les miroitiers y formaient une corporation distincte de celle des verriers proprement dits. La police de la Sérénissime avait parqué les maîtres verriers sur l’ île de Murano en menaçant de mort celui (ou celle) qui divulguerait le secret de fabrication de ces miroirs. Cependant, malgré les prohibitions et les menaces les plus terribles du gouvernement vénitien, dès la fin du XVI siècle des établissements rivaux, fondés par des ouvriers qui étaient parvenus à s’échapper, fonctionnaient en Allemagne.
La France, au début du règne de Louis XIV, jouissait d’une expérience très ancienne et très diversifiée dans le domaine du verre, mais les premiers essais qui furent exécutés pour fabriquer ces miroirs à Paris, à la fin de 1630, par Eustache Granmard et Antoine d’Antonneuil, ne furent pas couronnés de succès.
Très à la modes dans les intérieurs aristocratiques sous le règne de Louis XIV, les importations de glaces de Venise ont pris en France une telle extension que Colbert expédia en 1665 à Venise un agent secret pour organiser la fuite de verriers vers Paris. Pour décider les ouvriers qualifiés à s’expatrier, le ministre des Finances n’avait pas lésiné sur les moyens. Il leurs avait accordé notamment des privilèges personnels considérables : exemption d’impôts, juridiction spéciale pour les administrer, et un salaire fort au-dessus de la moyenne. A l’époque, le prix d’un beau miroir au mercure équivaut environ à 800 journées de travail d’un manœuvre ordinaire.
C‘est à cette époque que Colbert put enfin fonder la manufacture des glaces françaises ( qui deviendra par la suite Saint Gobain) pour combattre la prééminence de Venise dans cette technique. les ouvriers Français parviennent à fabriquer des miroirs d’une dimension et d’une qualité exceptionnelle, permettant à Colbert d’interdire dès 1672 l’importation des produits vénitiens.
L’année 1684 vit apparaître un grand perfectionnement dans la fabrication des miroirs de verre, avec le procédé du coulage des glace à plat, une méthode qui est encore pratiquée actuellement pour les pièces de grande taille. Ce fut là le véritable bond en avant de la miroiterie française. En 1691, l’invention française du verre laminé à l’atelier de Saint Gobain permit de faire des miroirs de très grande surface.
Le procédé chimique permettant d’enduire la surface de verre avec du métal argenté (argenture) sera découvert en 1835 par un allemand, le baron Justus von Liebig, est reste toujours employé pour la production des miroirs. La procédure actuelle consiste à asperger, sous vide, une très fine couche d’aluminium ou d’argent sur la face inférieure d’une plaque de verre.