La licorne et le bézoard

cabinet de curiosité - Proantic

Le musée Sainte-Croix à Poitiers présente l’exposition; Jusqu’au 16 mars 2014

Une histoire des cabinets de curiosités d’hier à aujourd’hui.

94285559La licorne n’existe pas : il y a bien longtemps que la science moderne l’a prouvé ! Et pourtant… sa corne était autrefois une pièce de choix dans les cabinets de curiosités. Elle est si présente dans nos imaginaires, dans nos livres et nos histoires, qu’elle a bien une existence réelle dans notre civilisation.

De la même façon, le bézoard, « pierre de fiel » aux vertus rares pour soigner, pensait-on, la mélancolie, faisait l’objet d’échanges commerciaux internationaux, et sa magie opère encore, aujourd’hui, dans l’imaginaire occidental : le célèbre Harry Potter l’utilise comme anti-poison.

Ces deux objets sont typiques de ce que renfermaient les cabinets de curiosités, ces collections que rassemblaient princes et savants à partir de la Renaissance. Ils témoignent de cette fascination pour l’étrange et le merveilleux, le rare, le précieux, le bizarre voire le monstrueux, dans une accumulation de toutes les « curiosités » du monde connu, objets naturels – naturalia – et productions humaines – artificialia.

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musée Sainte-Croix à Poitiers

Cabinets de curiosités

L’expression désigne aussi bien un type de collection que la pièce, voire le meuble, qui la renfermait. En réalité, il n’existe pas un modèle de cabinet, mais différentes sortes : du studiolo – chambre d’étude d’un prince italien – à la Wunderkammer – chambre des merveilles d’un prince Habsbourg –, du cabinet d’un savant à celui d’un médecin anatomiste, ces collections sont différentes dans leur forme, dans leur contenu, mais toutes servent à organiser et présenter des connaissances sur le monde, sur la Création dans son infinie richesse.

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musée Sainte-Croix à Poitiers

 C’est à une découverte de leur histoire qu’invite cette exposition. Chaque salle reconstitue ou donne à voir un type de cabinet. À l’évocation du studiolo d’Urbino, avec son exceptionnel décor de marqueterie lié aux différentes formes du savoir, succède une salle octogonale où s’accumulent quantité d’objets, animaux naturalisés et squelettes, monnaies et statuettes, pierres de foudre, coraux… formant une sorte d’« abrégé du monde ».

Les figures des principaux amateurs de curiosités sont rassemblées dans la galerie suivante, témoignage d’un réel engouement européen. Dans le cabinet princier, conçu en écho à celui du château d’Ambras en Autriche, les objets les plus précieux côtoient armes de prestige et meubles de cabinet. Un jardin factice sert de cadre à l’évocation de l’apothicaire Contant, installé à Poitiers, et à sa collection ouverte sur l’Atlantique et les objets amérindiens.

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musée Sainte-Croix à Poitiers

 La maquette du premier cabinet de Chevalier, à Amsterdam, est entourée des descriptions qu’il a lui-même publiées de sa collection de médailles, d’oeuvres d’art, de nombreux objets issus du commerce international d’alors. La collection de Ruysch, médecin anatomiste de la fin du XVIIe siècle, révèle sa double fascination pour l’histoire naturelle et pour le corps humain et ses pathologies, au travers de vanités tridimensionnelles.

Un dernier espace questionne la vivacité de la curiosité dans le monde contemporain. Autour d’oeuvres du XXe et du XXIe siècle – « boîte verte » de Marcel Duchamp, oeuvre de Jean-Michel Othoniel, évocation du château d’Oiron -, des objets insolites revisitent la question des « reliques », des images issues de la recherche scientifique illustrent le questionnement permanent sur la connaissance du monde, et nous renvoient à notre fascination pour l’inconnu, l’étrange, le rare, le merveilleux…

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musée Sainte-Croix à Poitiers

 

L’exposition se poursuit à l’Espace Mendès- France où sont réunis des objets scientifiques du XIXe siècle, liés à l’expérimentation électrique et à l’anatomie. Ils témoignent de l’évolution des collections scientifiques, héritées des cabinets de curiosités, à l’heure des grandes découvertes des sciences modernes.

En écho…

Le « cabinet de curiosités du sieur Alcide de Farcy » est installé depuis janvier 2013 dans l’espace jeune public du musée. Il a accueilli les élèves qui ont participé à un projet pédagogique, en partenariat avec l’École des beaux-arts, au premier semestre. À partir de la découverte de cet étrange cabinet, où sont réunis des objets hétéroclites dans un esprit bien différent de celui des musées actuels, les élèves ont composé leurs propres objets de curiosité, présentés dans la galerie vers l’atelier pédagogique et autour de l’auditorium.

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