Lit d’alcôve en bois doré et sculpté sur les quatre faces. La traverse haute des dossiers présente en leur centre un riche cartouche feuillagé enfermant quelques fleurs. De part et d’autre de ce motif, des fleurs similaires sont sculptées. Les épaules des dossiers sont décorés de coquilles feuillagées et fleuries également à la fois de chaque côté du dossier mais aussi sur l’arête. Ces montants sont sculptés de feuilles d’acanthe entrelacées. L’assise du lit est moulurée et agrémentée d’un motif de branchages enrubannés. Repris sur l’ensemble du lit. Le lit repose sur quatre petits pieds cambrés sculptés d’une coquille stylisée. Attribué à Nicolas Heurtaut (estampille apocryphe de cet ébéniste). Epoque Louis XV.
Le lit que nous présentons rentre dans la case que nous appelons les «meubles bijoux». En effet, il possède une telle sculpture, qu’il est impossible de ne pas s’arrêter pour l’observer. Il est sculpté sur les moindres recoins, toutes ses faces ont un décor.
Parfaitement Louis XV, le meuble tente de nier sa structure : les arêtes des dossiers sont atténuées par de larges et grasses feuilles d’acanthe. Ces motifs imposants sont alternés par des sculptures plus fines et délicates, ce qui donne un relief et une profondeur agréable à l’oeil. Ainsi, ces décors, les dossiers légèrement inclinés et la cambrure des pieds apportent du mouvement.
En plus d’être un meuble d’une grande beauté, il est aussi original, et ce trait de «caractère» chez un meuble est primordial pour un collectionneur. Ces cartouches, coquilles et lignes sont tout à fait inédites et permet d’éviter de loin la case des meubles standards.
Cette ingéniosité et ce raffinement font évidemment écho au célèbre menuisier Nicolas Heurtaut (maître en 1753). La puissance de la sculpture est une de ses signatures. Pierre Kjelleberg, dans son ouvrage «Le mobilier français du XVIIIe siècle», l’évoque en ces mots «il est l’un des maîtres du siège Louis XV». Son parcours étonnant peut sans doute expliquer sa production.
D’abord sculpteur, il entre dans l’académie de Saint Luc. Il travaille alors ensuite pour Tilliard et Claude I Sené entre autre avec cette casquette là. Puis, il décide de se consacrer à la menuiserie et s’installe en 1755. Sculptant lui-même ou en délégant, Heurtaut produit des sièges pour des marchands, des tapissiers ou livre directement à une riche clientèle.