Les « palmiers à ivoire » originaires de la forêt amazonienne donnent des fruits dont la chaire intérieure (albumen), devient en séchant très dure et d’une texture très semblable à celle de l’ivoire. C’est cet ivoire végétal qui est appelé corozo ou tagua est qui est utilisé comme à l’ivoire de défense d’éléphant.
En 1798 , les Espagnol Ruiz et Pavon, revenant d’explorer la jungle péruvienne du haut Amazone, sont les premiers à décrire le palmier que les Indiens quechuas utilisent pour façonner des bijoux et divers objets. Par la suite, on découvrira dans le nord-ouest de l’Amérique du Sud, entre le Panama et la Bolivie , huit espèces de ces Phytelephasou « éléphants végétaux ».
Le corozo fut travaillé par les marins qui en firent par exemple des petites boites, des tabatières des râpes à tabac.Ces derniers la travaillaient pour passer le temps mais aussi et surtout pour se faire un peu d’argent afin d’améliorer leur quotidien. Ces objets en corozo sont des beaux exemples d’art populaire.
Un jour de 1865, un vapeur quitte le port d’Esmeraldas, en Équateur à destination de Hambourg. Presque vide, il accepte de prendre à bord une cargaison de tagua. Les Allemands découvrent l’ivoire végétal et commencent en fabriquer des boutons et de petits objets d’ornement.
En Europe, l’origine de la tagua est un secret que les Allemands ne tiennent pas à divulguer, en effet les artisans italiens sont obligés d’aller chercher la matière première jusqu’en Allemagne. Certains pensaient que l’ivoire végétal provenait d’Afrique. Jusqu’à l’ouverture du canal de Panama, qui augmenta le flux de bateaux dans la région, ainsi des espions purent découvrir que le secret commercial de la tagua provenait de l’Équateur. Des ports de Guayaquil et d’Esmeraldas , la tagua est embarquée vers l’Allemagne, I’Italie, la Grande-Bretagne, la Tchécoslovaquie et la France ; puis plus tard vers l’Argentine et les États-Unis.
Le commerce et l’importation du corozo devint important dès lors ou les bimbelotiers, les tabletiers et les boutonniers l’adoptèrent et l’utilisèrent abondamment.,L’industrie du bouton en a été le plus grand utilisateur, mais on a aussi eu recours aux noix de corozo pour la fabrication : de dés, de dés à coudre et d’étuis à aiguilles, de bijoux, de boutons de tiroir, de petites pièces tournées décoratives
Au Japon, on utilise souvent la noix de corozo pour la fabrication de « netsuke », ces petites figurines du costume traditionnel japonais servant de contrepoids aux objets attachés à la ceinture. Comme il se sculpte bien tout en étant durable, le corozo a été utilisé pour la sculpture d’objets miniatures, ainsi que pour la fabrication de camés et de petits objets de fantaisie.
Le corozo est dur, mais plutôt consistant. il se sculpte, se tourne, se polit presque aussi facilement et finement que l’ivoire. On peut le travailler avec des outils de sculpture de détails, des outils de gravure ou des outils rotatifs à arbre flexible, ainsi qu’avec des limes, des râpes, des mèches, etc.
la Seconde Guerre mondiale porte un coup fatal à ce commerce. En 1952, l’Équateur ne vendait plus que 6 000 tonnes, soit cinq fois moins qu’en 1913. La concurrence du plastique fait tomber la tagua en désuétude.