Se dit d’un verre ou d’un cristal teinté rendu soit opaque d’une apparence laiteuse par l’adjonction d’oxyde d’étain, soit légèrement opalescent par la présence de cendres d’os ou de corne. Le mot « opaline » est né seulement au début de notre siècle. A l’origine, on disait « cristal d’opale ». Le même nom est donné à l’objet et à la matière qui le compose; un cristal artificiel, opaque, coloré, d’abord nommé » cristal d’opale » à cause de son apparence proche de la pierre précieuse ( l’opale). c’est à Venise , qu’apparaissent, au XVI ème siècle , les premières opalines de couleur, obtenues par l’adjonction d’oxyde d’étain et d’os calcinés.
Au XVIII ème siècle, en France des opalines sont produites à partir de 1782, mais la palette des couleurs est limitée, Parmi les verres opalins, le blanc de lait était la couleur la plus courante et la plus rechercher car elle imite la porcelaine de Chine. Les objets réalisés – coupes, baguiers, vases, garnitures de cheminée – adoptent d’abord les formes simples du retour à l’antique. Ces objets luxueux reçoivent souvent une monture de bronze doré souvent admirablement travaillé. La sobriété du décor met en valeur la beauté de la coloration..
Au XIXème siècle, dès le règne de Charles X, les formes s’épaississent, pour s’étirer et se galber de plus belle sous le second Empire. Aux couleurs douces succèdent des tons plus violents, inspirés par les verres de Bohême. la couleur la plus apprécié est le gorge de -pigeon, dont le rose violacé particulier est obtenu avec des sels d’or.
Une autre couleur très répandue dans l’antiquité apparaît à cette période, typique de cette sorte d’opaline, le turquoise dû à l’apport d’oxyde de cuivre. Les formes inspirées de l’antiquité s’adaptent à ces couleurs délicates, les aiguières, les vases étrusques, les amphores, les urnes. Le décor est sobre, les pièces sont fabriquées, une à une, à la main. Bientôt le jaune apparaît, mais peu de modèles seront réalisés à cause de certaines difficultés techniques pour obtenir la couleur.
Au début du XIX e siècle, Le Creusot, Baccarat et Saint-Louis sont les principaux centres de production. Par la suite, de nombreuses cristalleries sont créées autour de Paris : Bercy, Choisy-le-Roi, Belleville, Clichy…Les cristalleries du Creusot- ancienne cristallerie de la reine ( dernière des créations de l’ancien régime à avoir fait partie des manufactures royales, dont le nom a été changé sous la révolution) font leur spécialité de ces tonalités délicates.
Vers 1820, Les opalines, toujours faites à la main, évoluent alors en formes et en couleurs. Les progrès techniques de l’industrie du verre marquent l’histoire de l’opaline. C’est à cette période que les vases dits cornets, les flacons ronds à bouchons boules, les bonbonnières, les caves à odeur et autres objets de fantaisie font leur apparition. on voit apparaître des opalines peintes.
C’est à Jean-Baptiste Desvignes que l’on doit ce procédé qui consiste à décorer le cristal d’opale à basse température, puisque que contenant du plomb il est fusible et ne supporte pas les degrés élevés nécessaires pour fixer les peintures ou les émaux. Il se sert de feuilles d’or ou d’argent qu’il colle sur le cristal à l’aide d’un vernis. La température de 50° suffit pour en assurer l’adhérence. Dès 1820 également est mis au point un nouveau procédé qui permet de modifier l’apparence des opalines en les taillant.
Apparaît également l’opaline bulle-de-savon plus mince, plus translucide qui est réalisée par l’étirement du cristal d’opale.
Avec l’industrialisation, c’est une production différente qui s’installe. Il s’agit non plus de cristal mais de verre blanc ,opaque, mat, nommé dans un premier temps « pâte de riz ». Les verriers de Bohême inondent bientôt le marché de pièces de qualité inférieure. En 1845, les termes « opaline de bazar » et « opaline de foire » sont attribués à nombre de ces objets. Le bronze ciselé doré des montures et le vermeil sont remplacés par des bibelots comme des flacons ou des bonbonnières. Dès lors tout verre ou cristal opacifié portera le nom d’opaline.