L’exposition se propose jusqu’au 4 juillet 2016 de faire revivre ce temps fort et paradoxalement méconnu de l’histoire du château. Un ensemble d’environ 140 œuvres, tableaux, dessins, meubles, objets d’art, porcelaines, costumes et manuscrits, sortis des collections du château ou empruntés dans des collections françaises et étrangères, publiques et privées, permettra d’illustrer ce que fut le Fontainebleau de Louis XV.
L’exposition prendra place dans la salle de la Belle cheminée, espace de 400 mètres carrés situé au premier étage du château, et se poursuivra dans l’appartement des Chasses, où sont conservés les cartons peints par Jean-Baptiste Oudry pour la fameuse tenture des Chasses de Louis XV. Deux salles de cet appartement, exceptionnellement ouvertes au public, abriteront pendant le temps de l’exposition des œuvres illustrant la vénerie au temps de Louis XV. L’exposition sera complétée par unparcours au sein du château signalant les grands ensembles décoratifs créés à l’initiative du roi. Ainsi, c’est toute la vie du château au siècle des Lumières qui pourra être évoquée et apparaître comme un moment privilégié de l’histoire de cette résidence royale. Exposition présentée dans la salle de la Belle Cheminée et dans l’appartement des Chasses. Catalogue aux éditions de la RMN-GP disponible à la librairie du château
Parcours de l’exposition
La prédilection des rois Bourbons pour Fontainebleau ne devait jamais se démentir jusqu’à la Révolution. Louis XV, durant son long règne (1715-1774), fréquenta assidûment le château chaque automne, pour s’adonner au plaisir de la chasse qui prit chez lui la forme d’une passion dévorante. Il y était venu adolescent pour la première fois en 1724, s’y était marié avec Marie Leszczinska l’année suivante et devait y séjourner pour la dernière fois en octobre-novembre 1773, soit six mois avant sa mort. un château de chasse et de détente Louis XV fait perdurer la tradition de vénerie, très appréciée par son arrière-grandpère Louis XIV, et Fontainebleau demeure, à l’automne, la résidence des séjours de chasse.
Passionné depuis l’adolescence par la vénerie, c’est en forêt bellifontaine que le roi court son premier cerf à l’âge de 14 ans lors de son premier séjour au château. La chasse est un loisir qui permet d’échapper à la monotonie de la vie de cour et qui est réputé bénéfique, tant pour la santé que pour la régulation des populations de gibiers. Le jeune Louis XV chasse au minimum trois fois par semaine dans la lande de bruyères et de “rochers dénudés” que décrit l’architecte Simon-Louis du Ry en 1750. Bien qu’on estime à 6 400 le nombre de cerfs forcés par le roi de 1743 à 1774, le surpeuplement animal, entretenu par la monarchie, déforeste le paysage bellifontain. Louis XV participe à de grandes opérations de replantage de feuillus, soit 5 000 hectares entre 1720 et 1795.
Chasses, promenades, jeux et spectacles rythment les séjours de la cour. Le château offre une intense activité théâtrale. Dès les années 1750, comédiens français et italiens s’y retrouvent. Ainsi, la première représentation du Devin de village de Jean-Jacques Rousseau a lieu en présence de l’auteur, le 18 octobre 1752. En 1754, la salle de théâtre est rénovée et accueille par exemple Dardanus, Castor et Pollux de Jean-Philippe Rameau en 1763. Créée à Fontainebleau en 1771, la comédie de Grétry, Zémire et Azor, remporte un franc succès.
Joies et peines de louis xv
Les rois de France profitent d’un léger relâchement de l’étiquette à Fontainebleau pour y recevoir certaines visites diplomatiques de souverains étrangers ou encore profiter du voyage pour aller au-devant de nouvelles princesses à accueillir, juste avant les mariages. Pendant la minorité du roi Louis XV, le tsar Pierre le Grand est aussi reçu à Fontainebleau par le Régent, les 30 et 31 mai 1717. Le 27 octobre 1743, un traité d’alliance secret est signé entre la France et l’Espagne. À l’automne 1768, le roi Christian VII de Danemark y séjourne.
Séjour de chasse pour le roi, Fontainebleau est pour la reine Marie Leszcinska l’occasion de s’adonner à la pratique de ses activités favorites : dessin, peinture, musique, lecture, exercices de piété. Le château, “maison de famille” des souverains, conserve la mémoire d’un très grand nombre d’événements, heureux ou malheureux, qui se déroulèrent dans ses murs plusieurs fois centenaires. C’est dans la chapelle du château que Louis XV se maria en 1725, c’est là également que furent négociés, en 1762, les préliminaires de paix qui mirent fin à la guerre de Sept ans. C’est là encore que mourut, à l’âge de trentesix ans, son fils unique, le dauphin Louis-Ferdinand, le 20 décembre 1765.
Louis xv et marie leszcynska à fontainebleau
Rien ne prédisposait la jeune princesse polonaise de 22 ans à épouser l’héritier du trône de France – de sept années son cadet – promis à l’infante d’Espagne. La nécessité de donner rapidement une descendance au jeune Louis XV conduit le duc de Bourbon, à renoncer à l’alliance avec les Espagnols. Louis XV et Marie Leszcinska se rencontrent pour la première fois près de Moret-sur-Loing. Le lendemain, le 5 septembre 1725, le mariage est célébré dans la chapelle de la Trinité du château de Fontainebleau. Les mémorialistes rapportent que la reine, parée comme une châsse, manque s’évanouir sous le poids de ses ornements sertis des joyaux de la couronne. Un festin est donné dans son antichambre, des comédies de Molière – il était venu au château de Fontainebleau en 1661 – dans la salle de la Belle-Cheminée, un souper dans la salle de Bal. Les trois jours de festivités ordonnées, auxquelles assiste le jeune Voltaire, s’achèvent par un feu d’artifice, imaginé par Berain. Huit filles et deux garçons naissent de l’union de Louis et de Marie, dont un seul fils survit à l’âge adulte.
La mort du dauphin de France
Le 20 décembre 1765 survient, à Fontainebleau, la mort de Louis-Ferdinand, dauphin de France. Il est le fils du roi Louis XV et père des futurs Louis XVI, Louis XVIII et Charles X. Son agonie dure 37 jours, durant lesquels il regrette de retenir la famille royale loin de Versailles. Il s’éteint à 36 ans de la tuberculose, dans ses appartements de la cour Ovale du château.
Remodeler le château
Ce demi-siècle de présence régulière du roi et de la cour fut marqué par d’ambitieux projets architecturaux, portés successivement par Robert de Cotte, Jacques V Gabriel et son fils Ange-Jacques Gabriel et dont la réalisation partielle modifia sensiblement la physionomie du château.
Architecture
Louis XV a cherché à donner davantage d’espace et d’aise à une cour de plus en plus imposante. À l’est de la galerie des Cerfs, le cabinet Gabriel père et fils fait édifier une nouvelle aile fermant la cour des Princes (1737 – 1738). L’aile de la galerie d’Ulysse, dans la cour du Cheval blanc – aujourd’hui cour d’Honneur – est progressivement détruite et remplacée par une architecture de briques et de pierres (1739 – 1740 ; 1773 – 1774). Ce nouveau bâtiment a pour unique fonction d’offrir de nouveaux logements à la cour du roi. Sur la Cour de la Fontaine et l’étang des Carpes, Ange-Jacques Gabriel fait raser le pavillon des Poêles pour y construire le Gros Pavillon, dont la simplicité des lignes architecturales est inspirée par Versailles.
Une salle de comédie est créée en 1754 au premier étage de l’aile de la Belle cheminée. Ces travaux d’embellissement remettent au goût du jour des décors du château.
Décor intérieur
Dans le domaine du décor intérieur, les créations furent extrêmement nombreuses depuis le théâtre “rocaille” de la Belle cheminée, créé en 1725, jusqu’au salon de Mme du Barry, aménagé en 1772 et d’esprit déjà complétement néoclassique. Les appartements de représentation des souverains, et notamment la salle du Conseil, virent leur décor largement modernisé, ce qui fut plus vrai encore pour les espaces intimes. Toute une jeune génération d’artistes travailla dans les années 1730-1740 à rénover le cadre de vie du roi et de la reine : François Boucher, Carle van Loo, Jean-Baptiste-Marie Pierre. De nombreux percements améliorent la circulation dans les appartements. La création de l’escalier du Roi dans l’ancienne chambre de la duchesse d’Étampes, de l’escalier de la Reine à l’autre extrémité s’accompagnent d’un redéploiement des appartements des souverains.
L’ameublement fut également largement renouvelé, donnant lieu à des créations remarquables comme la commode de laque de Marie Leszczinska, livrée en 1737 pour son cabinet de retraite (conservée au Louvre), le bureau du dauphin (conservé à Versailles) ou les superbes feux en bronze doré du salon de Mme du Barry (conservés à Versailles, dépôt du Louvre). Dans ce cadre modernisé avec doigté et raffinement, la vie du roi, de ses favorites, de la famille royale et de la cour en général se déroule brillamment, six semaines par an, au rythme des parties de chasse, du jeu, des spectacles et des repas dans les petits appartements.
la chasse
Le château subit directement la frénésie de Louis XV pour la chasse à courre. La grande écurie est transformée par l’architecte Gabriel en bâtiment pour la vénerie. Le roi fait aussi décorer les logements princiers de l’aile Louis XV. L’appartement des Chasses fait surtout référence aux peintures et aux fameux grands cartons de tapisseries d’Oudry représentant les chasses de Louis XV sont enchâssés dans les boiseries.
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