Travail décoratif sur des meubles et le collage de minces feuilles de bois d’essences et de couleurs variées. La marqueterie, dont le procédé dérive de l’intarsia italienne, elle-même héritée des incrustations syriennes découvertes par les croisés au XIème siècles, devient avec le développement du placage une technique de décoration de meuble très importante.
La marqueterie atteint son apogée aux XVIIème et XVIIIème siècles sous les styles Louis XIV et louis XV notamment, certains ébénistes virtuoses créent avec ce procédé d’admirables tableaux sur leurs meubles. Ebénistes et ornementalistes travaillant en étroite collaboration à des mélanges d’essences précieuses toujours plus variées.
les principaux procédés de la marqueterie sont :
– L’incrustation (intarsia)
À l’origine de la marqueterie, il y a l’incrustation . Pratiquée dans la décoration d’objets en bois depuis le début de l antiquité Egyptienne, cette technique consiste à creuser le bois pour y placer des morceaux d’une autre matière (os,corne, ivoire, pâte de verre, pierre, galuchat….) ou d’une essence différente. Cette technique décorative fut très utilisée. Quoiqu’utilisée ponctuellement, l’incrustation ne survivra pas à l’ empire romain.
C’est au XIVème siècle que les Italiens réutilisent cette technique l’intarsia ( marqueterie par incrustation) pour orner les meubles plaqués de bois de nacre ou encore d’os. Ces combinaisons d’essences de bois et de matériaux forment des frises ou des tableaux. Ainsi on retrouve l’appellation de « peinture en bois » pour désigner ces marqueteries. La marqueterie connut aux 15 ème et 16ème siècles un essor grâce aux essences rares que rapportaient les navigateurs de leurs voyages lointains.
– le frisage
Le procédé du frisage date du XVIIème siècle et reste présent encore aujourd’hui dans les travaux d’ébénisterie et de menuiserie fine. Les décors frisés sont composés de motifs généralement rectilignes découpés à la tranche, à la scie circulaire ou à l’aide de couteaux simples. Les compositions présentent des effets géométriques en forme de carré, losange, soleil, « V », cube, damier, entrelacs ou chevron. La direction du veinage du bois souligne l’effet décoratif recherché.
– la technique Boulle (par superposition)
Au XVIIème siècle la marqueterie s’est répandue dans toute l’Europe. La marqueterie se perfectionne en Allemagne notamment. En France , c’est Andrée charles Boulle, maître ébéniste qui développa une technique existante la Tarsia a incastro qui révolutionna la pratique de la marqueterie.
Dans cette méthode, tous les placages sont superposés dans un paquet. Ensuite, vient le découpage de chaque forme à la scie à chantourner dite bocfil ou au « chevalet de marqueteur » qui possède une lame très fine ; on découpe l’ensemble à la scie à découper. On obtient, lors du montage, le plaquage clair qui s’incruste dans le bois foncé et vice-versa(appelé partie et contre-partie). La « marqueterie Boulle » introduit aussi une nouvelle spécialité : l’incrustation d ‘écaille de tortue.
– La technique « élément par élément »
Le procédé « élément par élément » est la plus utilisée par les ébénistes et les marqueteurs. Elle est complexe et demande plusieurs étapes pour la réalisation des marqueteries. Contrairement à la méthode Boulle, cette dernière offre la possibilité de produire plusieurs marqueteries d’un même motif. Elle exige une grande précision lors du découpage dû au fait que la partie « mâle » et la partie « femelle » (éléments et fond) sont découpés en 2 temps bien distincts.
La technique « élément par élément » permet de découper plusieurs épaisseurs en même temps, de 2 à 6 avec du placage scié, jusqu’à 12 avec du placage tranché.
Un paquet est constitué de placages de même essences, superposés et maintenus par rivetage, puis on vient coller le dessin de chaque pièce à découper sur le paquet. Les placages formant le fond sont préparés de la même façon.
La découpe en plusieurs épaisseurs est faite, soit au chevalet, soit à la scie mécanique. Toutes les pièces de placage une fois découpées sont placées dans une tablette dans la position du motif. Si plusieurs pièces se ressemblent, elles seront numérotées au préalable sur le dessin.
Pour donner du relief au motif, le marqueteur ombre certaines pièces avec du sable chaud et il peut utiliser la gravure au burin pour donner du modelé. L’assemblage des différentes pièces de la marqueterie s’apparente au montage d’un puzzle, les marqueteries ainsi reconstituées sont collées sur le meuble qu’elles décorent.