Dans la baie de Naples, une cité s’illustra particulièrement dans la réalisation de sujets marquetés: Sorrente. Tout au long des 18e et 19e siècles, il existait de nombreux ateliers dans la région de Sorrento et Mantoue spécialisés dans la tradition séculaire de la marqueterie de bois précieux et de la marqueterie de paille
Au XIXe siècle, dans la ville, l’art de la marqueterie connait à cette époque un développement significatif sous la pression des commandes de la nouvelle classe émergente, la bourgeoisie. La production de meubles augmente; son but est de satisfaire le goût de clients plus attentifs à la forme et au décor qu’à la fonctionnalité.
Durant cette période se sont succédées des générations entières de marqueteurs. Parmi ces artisans, une famille s’illustra tout particulièrement: les Gargiulo, père et fils, qui travaillaient tous dans l’atelier familial de Sorrente.
La marqueterie, favorisée par les remarquables capacités techniques et manuelles des artisans locaux, devint aussi un élément du processus de promotion touristique; l’intérêt des touristes pour la production des maîtres marqueteurs, renforcé par le désir de rapporter un objet susceptible de rappeler les lieux visités, augmenta au delà de toute attente le marché du souvenir. Sorrente était une étape du grand tour, les aristocrates européens participant à ce voyage ne dédaignaient pas de rapporter des meubles ou objets décrivant les endroits qu’ils avaient visités.
Dans cette optique, la décoration de la production de Sorrente acquit un rôle fondamental visant à donner à l’objet une identité plus marquée des lieux. Les scènes de vie quotidienne, riches de personnages en costumes, sont très fréquentes même si les références à des personnages illustres et à des événements de l’histoire locale ne manquent pas, l’identité est renforcée par la présence du nom de la villes, Sorrente , insérés dans le décor. Autre thèmes chers aux artisans de cette période: Pompéi et Herculanum qu’on venait juste de découvrir.
Les essences utilisées par la structure et le décor des objets nous renvoient au territoire. L’olivier, qu’il s’agisse de bois massif ou de minces feuilles de placage, est le plus répandu, ainsi que le peuplier et le châtaignier. Les artisans de Sorrente se servent d’essences de bois très lumineuses pour composer les marqueteries.
A partir de 1850, la technique » ricacciatura » est utilisée par les artisans de Sorrente pour peaufiner les parties en clair-obscur du décor avec une hachure faite à la plume et à l’encre de chine.
Dans les marqueterie de Sorrente, la mosaïque faite de petites tesselles de bois divers est utilisée pour border les scènes ou pour peindre des surfaces entières, comme une trame de raccordement entre les différentes scènes représentées. Le décors de frises est assez rare dans la marqueterie de Sorrente. Des tables aux lits en passant par les commodes, les pièces sont d’une finesse inégalable.