Le monde aquatique de Lalique

Vase Poséïdon - 2008. Lalique

Cette exposition se déroule au Le Musée Lalique, Wingen-sur-Moder en Alsace  jusqu’au 11 novembre 2014. Sirènes, naïades, poissons, hippocampes, méduses, cygnes, grenouilles…peuplent l’imaginaire Lalique. Le monde aquatique, qu’il soit réel ou imaginaire, constitue une des sources d’inspiration majeures des trois générations d’artistes – René, Marc et Marie-Claude Lalique – ainsi que pour le studio de création actuel.

L’exposition se déroule en quatre parties. Les trois premières, consacrées aux œuvres patrimoniales présentent plus de 120 pièces, composées de dessins, bijoux, orfèvrerie et objets en verre : Lalique, observateur de la nature ; Lalique artiste et l’imaginaire de René Lalique. La quatrième partie montre des pièces en cristal, dans une mise en scène audacieuse et spectaculaire grâce aux prêts de la manufacture.

Lalique René, Surtout Poissons et Grenouilles
Lalique René, Surtout Poissons et Grenouilles, vers 1905
© Studio Y. Langlois, musée Lalique – Coll. S. Bandmann et R. Ooi

René Lalique et le monde aquatique

Observateur attentif des êtres et des choses, René Lalique a trouvé dans la nature une inspiratrice féconde. Il l’a disséquée et examinée, épiant ses lignes, ses formes et ses structures particulières, cherchant et trouvant l’étincelle d’une vie inspiratrice. Il a scruté les plantes et les fleurs, observé les insectes et les oiseaux, été fasciné par les reptiles et interrogé la vie aquatique.

Lalique, observateur de la nature

Cette partie met en valeur la faune et la flore aquatiques qui ont inspiré René Lalique et s’articule autour de deux thèmes :

  • La faune et la flore subaquatiques : poissons, algues, méduses, hippocampes…
  • La faune autour des étangs : libellules, grenouilles, cygnes…

Il s’agit de présenter les évolutions stylistiques de Lalique, mais également sa façon de travailler avec par exemple, la mise en parallèle de photos à Clairefontaine ( la propriété qu’il achète en forêt de Rambouillet en 1898), de dessins préparatoires et d’œuvres réalisées.

Vase Poséïdon - 2008. Lalique
Vase Poséïdon – 2008. Lalique SA. Cristal moulé-pressé et double injection.
(c) studio Y. Langlois, musée Lalique. coll. privée

Lalique artiste

Reflets, transparence, scintillement, miroitement… Autant de raisons qui expliquent la fascination qu’exerce l’eau. Lalique aime à la représenter, séduit par ses jeux de lumière. Il trouve les correspondances plastiques les plus justes et les plus inattendues pour matérialiser ses rêveries.

Dans ses dessins, l’eau tantôt se fige en éclaboussures, tantôt se transforme en ondes concentriques. Parfois, des cygnes gracieux s’y mirent lorsque ce ne sont pas de charmantes nymphes profitant d’une promenade en barque. Crayon, encre, lavis et gouache se conjuguent alors pour immortaliser l’instant.

Dans ses bijoux aussi, il excelle dans ses représentions, associant à l’or, l’opale, l’émail ou encore le verre. Les opales, pierres magiciennes, sont certainement ses gemmes fétiches. Offrant un kaléidoscope de couleurs, elles conjuguent les nuances iridescentes. L’émail rend également à merveille tant les eaux claires que les eaux profondes, pouvant passer de la transparence à la translucidité, devenant opaque ou s’opalisant.

Le verre offre d’autres effets encore. Moulé à cire perdue, il rend de façon saisissante l’écume des vagues. Les bulles, que ce soit dans un premier temps des défauts de matière ou qu’elles soient plus tard obtenues par moulage, l’artiste jouant sur les diamètres et les profondeurs, symbolisent la respiration des poissons ou la nage des sirènes. Avec l’influence de l’Art Déco, les bulles se font perles et la représentation de l’eau devient plus abstraite.

Pendentif Cygnes et lotus , Lalique
Pendentif Cygnes et lotus (vers 1898 – 1900)
(c) Collection Shai Bandmann et Ronald Ooi – dépôt au musée Lalique

L’imaginaire de René Lalique

Il s’agit là de traiter des nymphes, naïades, sirènes et autres femmes-poissons… à travers les mythes et légendes qui l’ont inspirées et ainsi permettre aux visiteurs de se plonger dans l’univers Lalique.

Chez Lalique, la femme se confond avec les images de nymphes, d’elfes, de sylphides, de sœurs de Fée des eaux de Gustave Moreau, de souvenirs de rêveries dans les forêts et les chemins bordés d’eaux de Champagne qui abondent dans ses bijoux au tournant du siècle. Dans son œuvre de verrier, les sirènes demeurent les ambassadrices du monde aquatique, offrant les arabesques de leurs nageoires et de leurs chevelures ondulantes.

Si l’univers aquatique de Lalique est souvent évoqué à travers ses habitants naturels, poissons, batraciens et autres coquillages, il l’est également par ses habitantes mythiques : sirène, naïades et ondines et autres femmes-poissons… qui déploient en effet leurs charmes dans ses dessins, côtoient poissons et insectes dans ses bijoux et virevoltent sur ses œuvres en verre.

Lalique René, Vase Danaïdes
Lalique René, Vase Danaïdes, 1929
© Studio Y. Langlois – Musée Lalique

Si en littérature, le cygne symbolise souvent la femme nue, la blancheur immaculée et cependant permise, les femmes-poissons, elles, laissent onduler leurs corps voluptueux dans les eaux claires, offrant au regard les arabesques de leurs nageoires et de leurs chevelures. Créatures mythologiques, que l’on retrouve tant dans les récits des auteurs grecs que dans les contes scandinaves ou les panthéons africains et caribéens, les sirènes ont longtemps été réputées pour attirer les navigateurs dans leurs écueils par la douceur de leurs chants.

Fontaine Poissons, René Lalique
Fontaine Poissons, rééd. en cristal d’une pièce de René Lalique de 1937
© Lalique SA

Ce n’est qu’au début du XIXe siècle qu’une vision plus romantique sera proposée. Si elles ne semblent pas maléfiques dans l’œuvre de Lalique, les sirènes n’en demeurent pas moins parées de tous les attributs de la séduction. Une volonté de plaire, de se plaire, que l’on retrouve dans le mythe de Narcisse, narré par Ovide, représenté par Caravage, mais qui a aussi inspiré Lalique. L’image contemplée dans l’eau est aussi liée à l’espérance : en méditant sur sa beauté, Narcisse médite sur son avenir. Une réflexion sur le temps qui passe et l’amour que le poète romantique Lamartine aborde magistralement dans Le Lac, que Lalique affectionnait tout particulièrement.

L’univers Lalique

Le monde aquatique a constitué une source d’inspiration majeure pour René  Lalique ; il demeure un creuset riche pour ses successeurs. Au motif Deux poissons créé par Marc Lalique et à la Grenouille Rainette imaginée par sa fille Marie-Claude viennent s’ajouter des Hippocampes, des étoiles de mer Océania ou encore des Tortues marines.

Lalique René, Cachet Poisson
Lalique René, Cachet
Poisson, rééd. en cristal d’une oeuvre de 1912
(c) Lalique SA

Le passage de la Maison Lalique au cristal au début des années 1950, accentuant le contraste entre transparence et effet satiné, rend les créations particulièrement chatoyantes. Les déclinaisons de couleur sont de plus en plus variées, répondant à l’évolution des goûts. Ainsi, le petit cachet Poisson, créé en verre bleu par René Lalique en 1912, est aujourd’hui décliné en une trentaine de nuances, de l’anis au parme en passant par l’opale lustré. Transparences, couleurs, éclat, luminosité… se conjuguent invitant à la rêverie.

Des bans de poissons se forment, des méduses dialoguent avec des coquilles St-Jacques, des pieds de table se transforment en algues, des couples de cygnes altiers voguent tranquillement acclamés par les coassements des grenouilles.

 

 

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