Musée de la Céramique et de l’Ivoire de Commercy

le musée présente la deuxième collection d’ivoires en France après le musée de Dieppe ainsi qu’un panorama des productions européennes de faïence et de porcelaine des époques moderne et contemporaine.

Le Musée de la Céramique et de l’Ivoire de Commercy a été crée en 1997. La présence d’un Musée de l’Ivoire à Commercy, le second en France après celui de Dieppe, n’est pas liée à l’existence d’un centre de production local, mais à la constitution d’une collection, réunie par le docteur Albert Guillaume Boyer. Elle a été léguée à la ville de Commercy en 1909 afin de constituer le fonds initial d’un futur musée. Une partie de la collection Boyer est présentée pour la première fois en 1920, dans l’ancien Hôtel de Ville de Commercy.

 

Outre des ivoires, le legs Boyer comprend également des céramiques, présentées dans une salle, et des armes anciennes, actuellement conservées dans les réserves.

Le Musée de Commercy a également bénéficié d’une donation de la marquise de Carcano en 1899 ainsi que du legs d’Adrien Recouvreur en 1942. Les collections ont par la suite été complétées par des acquisitions réalisées par le Conseil Général de la Meuse, ainsi que par des dons d’ivoires provenant de saisies, effectués par la Direction des Douanes.

Le Musée de la Céramique et de l’Ivoire a été aménagé dans l’ancien complexe des bains-douches de la ville construit en 1934. La structure du bâtiment initial et certains éléments décoratifs ont été conservés. L’élévation du bâtiment et son plan sont fortement inspirés du Pavillon Royal édifié, entre 1747 et 1754, par Emmanuel Héré dans le parc du château de Commercy, et aujourd’hui disparu. L’intérieur du bâtiment, en revanche, présente les caractéristiques d’une architecture Art Déco, en vogue dans les années 1920-1930.

Le Musée comprend deux espaces d’exposition permanente, l’un consacré à l’ivoire et l’autre à la céramique. Dans chacun d’eux, certaines oeuvres sont mises en valeur et présentées au centre de la pièce dans des vitrines thématiques ; tandis qu’en périphérie d’autres vitrines offrent des informations complémentaires, notamment techniques ou historiques. Une salle d’exposition temporaire est située à l’étage.

L’ IVOIRE.

L’ivoire est une substance organique d’origine osseuse produite par différents animaux, tels que le mammouth, l’éléphant, l’hippopotame, le phacochère, le sanglier, le cachalot, le morse ou le narval. C’est un matériau assez facile à travailler. Les principales limites sont liées au diamètre de la défense, à sa courbure et à la présence d’une partie creuse, la cavité pulpaire. Ces trois caractéristiques structurelles définissent la forme et les dimensions de l’oeuvre à réaliser.

La préciosité du matériau oblige l’ivoirier à exploiter au mieux la matière première dont il dispose, afin d’en limiter la perte. L’ivoire est sensible aux variations de température et d’humidité et doit être conservé dans un milieu climatique stable. Comme le bois, dont il est proche par la structure, l’ivoire est susceptible de « travailler » et de se fendre.

Façonnage

L’ivoire peut être façonné selon des procédés manuels, suivant cinq étapes principales : le débitage consiste à scier la défense, après l’avoir préalablement débarrassée de son émail à l’aide de râpes. L’ivoirier dégrossit ensuite le morceau d’ivoire brut afin d’esquisser la forme générale de l’objet qu’il souhaite réaliser, il s’agit de l’ébauchage.

La taille est réalisée par l’enlèvement minutieux de matière. Les outils utilisés pour travailler l’ivoire procèdent essentiellement par usure de la matière, et non par percussion, afin de ne pas provoquer de fissures. Le percement permet d’accentuer la profondeur des reliefs. Le polissage, réalisé au moyen d’une poudre abrasive imbibée d’eau, supprime les rayures et les irrégularités de surface.

 

L’ivoire se teinte naturellement avec le temps. Cependant, pour des raisons esthétiques, une patine est parfois appliquée afin de colorer artificiellement l’objet, notamment en Orient. Les moyens les plus couramment utilisés consistent à appliquer des décoctions de thé sur l’objet ou à le laisser au contact des fumées d’opium.

Le façonnage peut également être effectué mécaniquement. Le tour à ivoirier est créé durant la seconde moitié du XVIe siècle. Il s’agit d’un instrument assez rare et coûteux qui permet la réalisation d’objets aux formes arrondies et spiralées. Un tour à ivoire est exposé dans le hall du Musée. Particulièrement luxueux, il aurait appartenu au duc de Choiseul, ministre de Louis XV, et témoigne de l’intérêt porté par les plus hautes classes de la société au travail de l’ivoire.

 

Un commerce contrôlé

Depuis la fin des années 1980, le commerce de l’ivoire est strictement contrôlé. L’utilisation de matières de substitution, tels que l’os ou le corozo, « l’ivoire végétal », est parfois nécessaire. Cependant, les propriétés de ces matériaux sont sensiblement différentes de celles de l’ivoire qui demeure un matériau irremplaçable, en particulier pour la restauration d’oeuvres anciennes.

Ivoire et objets religieux

De par sa couleur et sa préciosité, il a souvent été employé pour la réalisation d’éléments religieux. Sa présence sur des crosses, des autels portatifs ou des statuettes de saints, renforce le prestige et le luxe de ces objets.

Imitation d’oeuvres d’art

L’ivoire est également utilisé pour l’exécution d’objets profanes de petites dimensions qui reproduisent des oeuvres d’art sculptées ou peintes déjà existantes. Ce goût pour l’imitation se répand à partir du 18ème siècle dans les classes aisées de la société.
Le Musée présente notamment une chope sur laquelle a été reproduite La Bataille d’Arbèles, d’après un tableau de Charles Le Brun. Elle témoigne du talent de l’ivoirier à transposer une oeuvre en deux dimensions sur un objet cylindrique.

L’ Histoire

De nombreuses figures représentant des personnages historiques ont été sculptées dans de l’ivoire. Elles font alors référence tant à la mythologie, qu’à l’histoire antique ou à la monarchie. La figure de Jeanne d’Arc est particulièrement prisée, notamment après la défaite de la guerre de 1870. Elle devient alors le symbole de l’unité nationale.

Curiosités et pièces de virtuosité

Certains objets en ivoire constituent de véritables prouesses techniques. Le travail miniaturiste de la matière est poussé à son paroxysme pour donner lieu à la création d’objets purement décoratifs.

Objets utilitaires

L’ivoire sert également à réaliser des objets utilitaires destinées aux classes aisées : jouets, objets de parure, éléments de toilette, instruments de musique… Il est notamment considéré comme un gage d’authenticité et sert à la confection de marteaux pour les commissaires-priseurs ou de sceaux. L’ivoire valorise et ennoblit l’objet, le prestige de la matière rejaillissant sur celui qui la possède.

LA CÉRAMIQUE

Le terme « céramique » désigne tout objet réalisé en argile cuite. L’argile est l’un des matériaux les plus anciens qui ait été utilisé par l’homme.
Présente en abondance dans la nature, elle peut être façonnée très facilement, sans outils, dès lors qu’elle est mélangée avec de l’eau.
Outre des ivoires, le legs Boyer comprend également des céramiques, présentées dans une salle, et des armes anciennes, actuellement conservées dans les réserves.

Mise en oeuvre

Avant de pouvoir être travaillée, l’argile doit être successivement pressée, lavée et décantée afin de supprimer les impuretés et d’obtenir une pâte homogène. Une fois purifiée, l’argile est façonnée par modelage, moulage ou tournage.
L’objet est ensuite séché puis subit une cuisson à une température de 1300 à 1400°C. La cuisson est l’une des étapes les plus délicates, puisqu’elle doit être parfaitement contrôlée. Elle peut être effectuée sur un foyer ouvert ou dans un four. La terre cuite est ensuite refroidie progressivement afin d’éviter tout choc thermique susceptible de l’endommager.

La Faïence

Durant les 17ème et 18ème siècles, l’une des principales productions meusiennes provient de la Manufacture des Islettes.
Créée en 1735, elle est connue jusqu’au 19ème siècle sous le nom de fabrique du Bois d’Epense, du nom du hameau où elle était établie. Elle prend ensuite le nom « des Islettes », village voisin du Bois d’Epense où habitaient la plupart des ouvriers et des peintres décorateurs.

La manufacture est restée de taille modeste jusqu’en 1775 avant de compter plus de 200 ouvriers à son époque la plus prospère, devenant la plus importante fabrique d’Argonne. Elle ferme ses portes en 1848, concurrencée par la production industrielle de Sarreguemines.

La faïence constitue le principal type de céramique produit par la manufacture du Bois d’Epense. Il s’agit d’une poterie de terre cuite une première fois, tendre et poreuse, puis revêtue d’une glaçure opacifiée à l’étain et cuite dans un second temps à environ 1000°C. La technique de la faïence est née vers le 7ème siècle au Proche Orient. Importée en Europe, elle se développe en Italie, à Faenza, ville dont elle tire son nom.

La porcelaine

La porcelaine fascine l’Europe durant plusieurs siècles. Crée en Chine au cours du 6ème siècle, ce type de céramique est réalisé à base de kaolin, une argile particulièrement blanche, qui supporte des températures de cuisson élevées sans se déformer.

Durant plusieurs siècles, l’Europe va tenter de produire des céramiques imitant la blancheur, la douceur et la translucidité de la porcelaine chinoise, en recouvrant les terres cuites naturellement colorées par une glaçure blanche. Le 17ème siècle est le siècle d’or de la céramique.

Des découvertes successives favorisent le développement des techniques. Suite à la découverte d’un gisement de kaolin en Allemagne, la porcelaine est mise au point à Meissen en 1710. Une fabrique importante y est créée, donnant lieu à une abondante production. De nombreuses porcelaines européennes cherchent à imiter les pièces chinoises, notamment par l’emploi de couleurs limitées – bleu, blanc et rouge – et dans le choix des sujets représentés.

Les décors peints

Les céramiques possèdent souvent des décors peints. Pour réaliser certains d’entre eux, notamment sur les faïences, l’utilisation de poncif est souvent nécessaire. Le poncif est un dessin, généralement réalisé sur du papier, dont les lignes sont ensuite piquées de trous afin de permettre le report du motif sur une terre cuite grâce à l’emploi d’une poudre colorée.

Les couleurs utilisées proviennent d’oxydes métalliques : le bleu est obtenu avec de l’oxyde de cobalt, le vert avec de l’oxyde de cuivre, le violet avec de l’oxyde de manganèse et le jaune avec de l’antimoine. Seules ces couleurs supportent une cuisson élevée. Elles sont donc posées sur la glaçure et cuites avec elle. Il s’agit d’un décor dit de « grand feu ».

Cette technique est particulièrement délicate, car elle ne permet aucune retouche. Progressivement, la palette de couleurs s’élargit. Une seconde technique est mise au point. Elle consiste à poser des couleurs plus fragiles sur une glaçure déjà cuite, avant de les soumettre à une cuisson moins élevée. Ce décor de « petit feu », permet d’enrichir les motifs de couleurs telles que le rouge, les roses et la dorure.

En savoir plus:

Musée de la Céramique et de l’Ivoire de Commercy

Lieu : 7 Avenue Carcano 55200 COMMERCY
Site: http://www.commercy.fr/a-musee-de-la-ceramique/

 

 

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