Dans une très belle lumière, l’artiste nous propose cette superbe nature morte sur un entablement partiellement recouvert d’une nappe de velours rouge, bordée d’une frange de passementerie aux fines broderies de fils de soie et d’or. A gauche de la composition un römer, c’est un haut verre à vin d’Europe central sur lequel est posé un citron partiellement épluché. On distingue par un effet de transparence le fruit qui se trouve à l’arrière du verre. Au centre un autre verre de plus grande taille dont la coupe repose sur un pied magnifiquement sculpté et ciselé, à sa base une miche de pain entamée. A la droite du verre, une carafe en faïence et sa garniture en étain, au pied de laquelle est posé, penché, un grand plat en porcelaine fine d’après la faïence émaillée espagnole du 16è siècle (Valence). L’ensemble est parsemé de fruits, pêches orange, grenades, raisins et cerises. Quelques feuilles de vigne et de pêcher agrémentent la composition sans oublier les deux papillons, l’assiette en étain au premier plan et le couteau.
Juriaen van Streeck (1632 ; 1687)
Juriaen van Streeck ou Juriaan van Streek (29 février 1632, à Amsterdam ; inhumé le 12 juin 1687, à Amsterdam) était un peintre hollandais de natures mortes de l’âge d’or.
Il a été formé par le peintre de natures mortes Jan Davidsz de Heem.
Actif à Amsterdam et à Haarlem au milieu du XVIIe siècle, son travail était très recherché par les collectionneurs de toute l’Europe. Il était membre de la Guilde de Saint-Luc à Haarlem.
Van Streeck excellait dans tous les sujets de nature morte, y compris les casques, les livres, les lettres, les instruments de musique et les crânes ou les animaux morts pour indiquer la fugacité de la vie. Ses compositions opposent volontiers les tons froids des argenteries et verreries aux tons chauds des tapis et velours. Il excelle dans le mélange de ces tonalités à la fois somptueuses et délicates.
Disciple de Willem Kalf (1619 ; 1693), il a influencé Barend van der Meer (1659 ; vers 1700)
Son fils Hendrick van Streeck (1659 ; 1719) est également devenu un peintre de talent.
Les natures mortes de Van Streeck présentent généralement des arrangements opulents de fleurs, de fruits et d’autres objets luxueux tels que des coquillages, des plats, des potiches ou des vases. Il était très doué pour représenter la lumière et la texture, et ses peintures se caractérisent par leurs compositions très détaillées et complexes. Comme souvent à cette époque, la représentation des éléments et leur mise en scène ont également une portée symbolique, celle de l’écoulement du temps et de la vanité des choses humaines. Ce qui est le cas dans notre tableau avec notamment les verres à moitié remplis, le citron partiellement épluché et la mie de pain entamée.
Aujourd’hui, les peintures de van Streeck se trouvent dans des musées et des collections privées du monde entier, notamment au Rijksmuseum d’Amsterdam, au Metropolitan Museum of Art de New York et au Louvre à Paris.