Connu comme chef de guerre hors pair, comme travailleur infatigable et comme bâtisseur ambitieux, Napoléon Bonaparte l’est moins comme amateur d’artisanat d’art. Or, il était parfaitement conscient de l’importance stratégique mais aussi économique de l’ameublement des résidences impériales.
Napoléon et les arts décoratifs
Premier consul de la République puis empereur des Français, Napoléon Bonaparte fait siennes les « maisons royales » de l’Ancien Régime.
Entre 1800 et 1815, il convoque architecture, beaux-arts et arts décoratifs pour « finir la Révolution » et porter un message d’ordre et de grandeur. Au désir de créer un écrin prestigieux pour Napoléon et son entourage s’est surimposé un dessein politique et économique : occuper artistes, artisans et ouvriers des manufactures, c’est pacifier une société à peine sortie de la tourmente révolutionnaire tout en promouvant l’industrie française face à ses concurrentes européennes.
Trois palais disparus : les Tuileries, Saint-Cloud et Meudon
Trois des principaux palais ainsi réinventés – les Tuileries, Saint-Cloud et Meudon – ont brulé en 1870 et 1871, durant la guerre franco-allemande et la Commune. De nombreux meubles et éléments de leurs décors mis à l’abri avant le conflit sont parvenus jusqu’à nous. Leur réunion, dans la galerie des Gobelins à l’occasion de cette exposition, ressuscite ces palais disparus et révèle l’inventivité des créateurs du premier XIXe siècle : de nouveaux types de meubles apparaissent, les arts du métal atteignent une sorte d’apogée, les murs des salons et les garnitures des sièges se parent de coloris acidulés d’une fantaisie absolue.
Des restitutions numériques remettent dans leur contexte mobilier, textiles et objets d’art.
Après une introduction dédiée aux circonstances qui virent trois des principaux palais de Napoléon – Saint-Cloud, les Tuileries et Meudon – disparaître en 1870-1871, le visiteur découvrira dans la Galerie des Gobelins leur histoire, leur fonction, les hommes d’art qui y œuvrèrent.
Tradition et innovation s’y conjuguent et seront perceptibles à travers les 350 pièces de mobilier qui habillaient les appartements de l’Empereur et de l’Impératrice ainsi que par des restitutions numériques.
Si l’on peut découvrir aujourd’hui les décors créés sous l’Empire dans certaines pièces des châteaux de Fontainebleau et de Compiègne, cela est impossible pour les palais des Tuileries, de Saint-Cloud et de Meudon, incendiés en 1870 et 1871. Pour autant, les aléas de l’histoire font que le Mobilier national conserve une grande partie des éléments de décor de ces palais. Ces pièces (meubles, bronzes dorés, tapisseries, soieries) seront exceptionnellement sorties des réserves de l’institution.
Galerie des Gobelins, le Mobilier national
42, avenue des Gobelins 75013 Paris
Exposition jusqu’au 16 janvier 2022