Le musée du Louvre annonce l’acquisition, pour le département des Objets d’art, d’un panneau de Jean-Baptiste-Pierre-Laurent Douault-Wieland, présenté pour la première fois lors de l’exposition des produits de l’industrie de 1827. Cet extraordinaire et étonnant panneau en strass, argent, argent doré, érable et amarante, de plus de deux mètres de haut et d’un mètre trente de large, a été acquis en vente publique chez Christie’s à New-York le 22 octobre 2020.
Douault-Wieland, joaillier et fabricant de strass présenta à l’exposition des produits de l’industrie de 1827 un étonnant tableau à la gloire des Bourbons, réalisé avec 1108 pièces de cristal, qui fut très remarqué et très commenté par la critique. Il est monté sur un spectaculaire pied en forme de chapiteau renversé, en marqueterie d’érable et d’amarante, à ornementation antiquisante, selon le goût qui dominait alors en ébénisterie, mais l’auteur en est inconnu.
Les médaillons circulaires incolores représentent, autour des armes de France et de Navarre, les effigies des rois Bourbons de Henri IV à Charles X : de haut en bas, et de gauche à droite, Henri IV, Louis XIII et Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, Louis XVII et Louis XVIII, en bas Charles X. Dans les écoinçons, autour de la rosace, sont représentés sur fond d’hyacinthes les princes de la famille royale : duc et duchesse de Berry, duc d’Angoulême et Mademoiselle, et tout en bas, encadré de rayons, le duc de Bordeaux, espoir de la dynastie. Assez curieusement manque à ce panorama familial la duchesse d’Angoulême. Au centre des bordures latérales et supérieures, un médaillon arbore le chiffre HLC (Henri, Louis, Charles).
Tous les portraits sont moulés sur des médailles, plusieurs d’après Benjamin Duvivier, Louis XVIII d’après Gayrard, le duc d’Angoulême d’après Barre, Charles X et le duc de Berry d’après Caqué, la duchesse de Berry et ses enfants d’après Eugène Dubois. Les cristaux de couleurs imitent des pierres précieuses ou semiprécieuses : rubis, saphirs, émeraudes, améthyste, topazes, hyacinthes et
péridots. Ils sont ornés de divers motifs, fleurs de lys entourées de couronnes de feuilles de chêne et de laurier, cornes d’abondance, feuillages, rosaces…
Douault-Wieland semble s’être inspiré de la célèbre coupe sassanide dite de Chosroès provenant du trésor de Saint-Denis, conservée au Cabinet des médailles. On peut trouver par ailleurs d’évidentes sources dans les vitraux gothiques, alors que le style néogothique s’impose dans le domaine du mobilier et du bronze à l’exposition des produits de l’industrie de 1827. À cette dernière exposition de la Restauration, s’affirme la volonté de rompre avec le néoclassicisme jusque-là dominant et de diversifier les sources. Cette oeuvre spectaculaire, véritable tour de force technique mêlant des sources diverses, en témoigne.