Florence, vers 1870. Marqueterie de pierres dures polychromes. Fascinant pour leurs couleurs, leur brillance, leur provenance ou leur symbolique, les pierres dures, ou pietra dura, furent utilisées depuis l’Antiquité dans les décors et les objets d’art. Objets de luxe, elles sont également objets de collection et ravissent les amateurs depuis de nombreux siècles.
Si les sujets réalisés purent être d’une très grande variété, il n’en reste pas moins que les oiseaux occupèrent une part importante des différentes productions. Tel est le cas de notre panneau rectangulaire en marqueterie de pierres dures polychromes représentant un coq devant sa coupe de graines, le tout rehaussé par un encadrement de pierre noire de Belgique, un panneau exécuté à Florence vers 1870.
Le riche chromatisme de ces vingt essences différentes aux effets contrastés telles que le marbre Sarrancolin Ilhet, la brocatelle violette d’Espagne, le marbre jaune de Sienne, ou encore le lapis lazuli, nous rappelle les productions des ateliers de pierres dures réalisées au sein de l’Opificio de pietre dure pour les princes de Florence à la fin du XIXe siècle. Cet ensemble est enchâssé dans un cadre en bronze doré mouluré sur le devant et entouré d’une frise enrubannée finalement ciselée.
La symbolique du coq demeure dans la pensée occidentale une image forte. Attribut du dieu mercure et considéré comme intelligent et vaillant par le cœur, il symbolise également la victoire de la lumière du jour sur les ténèbres de la nuit, à l’image du Christ sur le plan spirituel pour la tradition chrétienne par son enseignement et sa résurrection. C’est ainsi que par son chant, le coq annonce le jour nouveau et appelle à l’aube les chrétiens endormis physiquement et spirituellement, incarnant ainsi la vigilance et l’activité victorieuse sur le sommeil et la paraisse.
La pierre, appréciée pour ses couleurs riches et son poli brillant, entra dans la composition de nombreux décors et objets d’art. Les pierres dures furent faciles à tailler pour les artisans et ornent ainsi des objets d’une grande préciosité. L’engouement que suscitent les pierres dures depuis le XVIe siècle en Europe amena les artisans à les appliquer sur divers objets et selon des techniques multiples. Incrustées en intarsia, ou assemblées en mosaïque ou commesso, elles se déclinèrent sur divers supports.
Les premières grandes manufactures occidentales de pierres dures furent fondées au XVIe siècle en Italie et développèrent un artisanat riche et précieux. Milan, Rome et Florence regroupèrent alors les centres les plus importantes. La production florentine, appuyée par le mécénat de François Ier de Médicis et fournie par son impressionnante réserve de pierres dures, fut particulièrement riche.
Par conséquent, la Galleria dei Lavori fut installée en 1588 par le grand duc de Toscane dans le palais des Offices et les artisans y produisirent pour la cour divers objets décoratifs, tables, cabinets, ou boîtes. Leur réputation crût rapidement en Europe et ils formèrent le noyau de nombreuses manufactures étrangères nouvellement créées.