Grand papier peint (gouache sur papier) panoramique en grisaille représentant un des épisodes de l’histoire de Psyché, « Psyché au Bain » où la princesse dévêtue et entourée de nymphes s’apprête à prendre un bain dans un somptueux palais Empire, Cupidon l’admirant sur le côté, papier peint de la Manufacture Joseph Dufour, d’époque début XIXème siècle.
Ce papier peint fait partie d’une série de 12 tableaux retraçant l’histoire de Psyché réalisé par la Manufacture Joseph Dufour au début du XIXème et réédité tout au long du siècle (cf informations ci-après). Un exemplaire est conservé dans les collections du musée des Arts décoratifs de Paris. N° inventaire HH 2.5.
La Manufacture Joseph Dufour
Né à Tramayes en 1754, d’une famille modeste, Louis-Joseph Dufour apprit son métier à Lyon et commença à travailler dans une manufacture de papier peint dans cette ville, à l’Atelier de la Charité. En 1797, il installa sa propre manufacture à Mâcon, rue de la Paroisse. Après le succès du panoramique » les Sauvages de la mer Pacifique » d’après un dessin de Jean-Gabriel Charvet inspiré par le troisième voyage du Capitaine Cook, à l’exposition des Produits de l’Industrie française, à Paris, en 1806, Joseph Dufour s’installe à Paris, rue de Beauvau, dans le faubourg Saint-Antoine » haut-lieu de la production artisanale et manufacturière de l’Ancien Régime« ; le succès est immédiat et l’ascension rapide.
La Maison — devenue Dufour-Leroy en 1821 — a acquis, à la mort de son fondateur (1827), une renommée internationale ; sa notoriété se répand dans toute l’Europe et jusqu’aux Amériques. La manufacture occupe alors une des premières places dans l’industrie du papier peint français. Les belles tentures à sujets variés (les panoramiques, les tableaux -paysages, les sujets à l’antiques – chers au style Empire, les grandes œuvres romanesques à succès) qui se fabriquent depuis longtemps dans la manufacture de M.Leroy-Dufour sont de véritables tableaux qui forment un très bel ornement dans les appartements.
A la production prestigieuse et coûteuse des panoramiques, s’ajoute une production courante de papiers peints à motifs répétitifs. En 1836, Amable Leroy vend à bail le fonds de Dufour & Leroy à Lapeyre J. et Drouard et C°, installés 10 rue Beauveau – Saint Antoine de 1850 à 1854.
Les douze tableaux de l’histoire de Psyché se réfèrent au roman de Jean de La Fontaine Les amours de Psyché et Cupidon (1669) lui-même inspiré du conte L’Âne d’or d’Apulée (IIe siècle). Ce décor panoramique a été réalisé sur une composition de Louis Laffite, qui lui-même s’était inspiré de François Gérard et Pierre-Paul Prudhon, deux célèbres peintres de la période néoclassique. On ne s’étonnera donc pas du style de ces panneaux, où apparaît notamment un mobilier antique inspiré de Jacob. La réalisation est un défi technique, puisque jamais un motif n’est répété d’un panneau à l’autre.
L’aspect de grisaille a nécessité en réalité 23 couleurs, et il a fallu pour l’ensemble 1245 planches de bois gravé, toutes imprimées manuellement. Un considérable travail, qui a été récompensé puisque la manufacture Joseph Dufour qui le fabriquait a obtenu une médaille d’argent à l’Exposition des produits de l’industrie française en 1819.
Le papier peint a connu une vogue extraordinaire au début du XIXe siècle, car il revenait moins cher que des boiseries peintes et pouvait donc pénétrer dans les intérieurs de la bourgeoisie aisée. En abaissant les couts, la production en série permettait d’offrir de la beauté au plus grand nombre, argument démocratique que les industriels ont beaucoup mis en avant.
(Site Musée Arts Décoratifs)