Les pendules « au Nègre » ont connu un succès considérable, marquant, en plein règne du néo-classicisme, les débuts du courant romantique. Elles ont été produites en grand nombre sous le Directoire et sous l’Empire, et même sous la Restauration. Les bronziers tiraient un parti esthétique du contraste des patines, sombre pour la peau des indigènes et dorée pour les accessoires; les yeux étaient fréquemment peints ou émaillés.
Une certaine naïveté se fait jour dans la plupart des pièces. En fait, tous ces « nègres » et « sauvages » sont charmants, bien habillés, plutôt joyeux, bref, très idéalisés, alors que, dans la plupart des cas, leur existence n’avait rien d’idyllique. C’est le mythe du bon sauvage, image idéalisée du Noir, nourrie par les récits de voyage de romans à la mode, de Robinson Crusoé à Paul et Virginie..
La plus belle pendule au nègre reste celle imaginée pour Marie-Antoinette, dès 1784, par les horlogers du roi Furet et Gaudron, horlogers du roi : la Négresse enturbannée. Marie-Antoinette, la première, collectionna ce type de pendules ; la « Négresse enturbannée » représente une nubienne en buste dont les yeux découvraient les heures.
Le spécialiste incontesté dans ce domaine, demeure l’horloger ornemaniste Jean-Simon Deverberie (1764-1824) qui imagina et réalisa les plus beaux modèles ; citons « L’Indien et l’Indienne enlacés », chef-d’œuvre du genre inspiré de l’amour idyllique de Paul et Virginie, mais aussi « L’Afrique », représentée par une chasseresse accompagnée d’une lionne et d’une tortue, et « L’Amérique », couronnée de plumes domptant un alligator.
Le thème du bon sauvage se décline en une trentaine de modèles et presque autant de variantes !
On distinguera les sujets inspirés de la littérature qui a donné au genre quelques-uns de ses plus beaux sujets. Plus rare , la pendule représentant la jeune chrétienne assise sur les genoux de Chactas.
Autre catégorie : le nègre au travail. Un grand nombre de pendules déclinent le thème à la manière des petits métiers : portefaix, matelot, nègre poussant une brouette sont d’incontournables modèles. La nourrice africaine et le chasseur noir sont cependant moins communs ; ce dernier, assis sur un bateau ou un char, incarne l’Amérique. C’est aussi une allégorie du négoce maritime.
Les modèles plus luxueux, plus nobles, représentent une femme élégante, toujours noire de peau, vêtue d’un pagne, assise avec dignité sur le cadran. L’une d’elles, armée d’un arc, de flèches et d’une lance est accompagnée d’une lionne et d’une tortue et symbolise l’Afrique, d’autres qui représentent l’Amérindienne sont coiffée de plumes et sont accompagnées de palmier et d’alligator. À noter également, la pendule au nègre fumeur.