Porcelaine de chantilly: Technique et matériaux

Dès le XVIIème siècle, l’Europe cherche le secret de fabrication de la porcelaine, afin de diminuer les coûteuses importations d’Extrême Orient. Chantilly devient un des premiers lieux de production de la porcelaine en France, sous l’impulsion de Louis IV Henri de Bourbon-Condé, par ailleurs bâtisseur des Grandes Écuries.

La fabrication de la porcelaine de Chantilly requiert plusieurs étapes.

La préparation de la pâte

La porcelaine de Chantilly est dite « porcelaine tendre » c’est-à-dire sans kaolin (elle est donc plus fragile et se raye plus facilement). En effet, les premiers gisements de kaolin ne seront découverts en France qu’à la fin des années 1760. En attendant, les manufactures françaises doivent innover à partir des ressources naturelles présentes dans leurs sous-sols, d’où des recettes sensiblement différentes suivant les fabricants.

A Chantilly, la pâte est obtenue par broyage de plusieurs éléments minéraux : du sable blanc et de la potasse ou de la soude. Cette poudre est cuite au four et donne ce qu’on appelle la fritte. Afin d’obtenir une pâte malléable, on lie la fritte avec de la marne et de la gomme arabique. On ajoute aussi un peu de craie, d’alun ou de gypse pour la blancheur. On procède à un second broyage pour obtenir un mélange bien homogène.

Boite en porcelaine tendre, émail plombifère de la manufacture de Chantilly (1731-1800) au décor « Kakiemon » des années 1750-1760.
(c)Galerie Verrier, Proantic

Le façonnage

Une fois la pâte obtenue, on passe au façonnage des pièces, par tournage ou par moulage. Dans ce dernier cas, la pâte crue est disposée dans un étui en argile réfractaire. La forme est cuite pour donner ce qu’on appelle le biscuit (en raison des deux cuissons déjà opérées : celle de la fritte lors de la préparation de la pâte, puis de la forme). Les pièces sont sorties du four, démoulées, et confiées aux « répareurs » qui par grattage et polissage font disparaître toutes les imperfections puis ajoutent les accessoires (anses, boutons…).

Porcelaine de Chantilly à décor en camaïeu bleu dit à la brindille.
(c) Guillaume Rullier, Proantic

La couverte ou émaillage

L’étape suivante permet de vitrifier le biscuit. Pour cela les pièces sont trempées ou recouvertes au pinceau d’une « couverte » ou émail obtenu par broyage, mélange et fonte de litharge, de sable de Fontainebleau, de silex calciné, de potasse et de sel de soude.
Jusqu’aux années 1750, afin de donner un aspect bien blanc et opaque au biscuit parfois jaunâtre en raison de la faible qualité de la pâte, on rajoute de l’étain à l’émail. Ce composant a la vertu d’opacifier par sa blancheur. On parle alors d’émail stannifère. Ensuite, une amélioration de la qualité de la pâte permettra d’abandonner l’émail stannifère pour un simple émail plombifère transparent. On procède à une nouvelle cuisson.

Porcelaine de Chantilly, palette de couleur dite de « petit feu ». Vers 1750 – 1760

La décoration

Les secrets entourant les techniques utilisées mais aussi la disparition d’archives nous laissent peu d’informations concernant les couleurs utilisées pour la porcelaine de Chantilly. On peut cependant distinguer deux grandes périodes et deux techniques.
La première période s’étend des années 1730 aux années 1750 et correspond au style exotique dit « kakiemon ».
On utilise alors une palette de couleurs intenses et lumineuses mais assez réduite (bleu de cobalt, vert, turquoise, jaune pâle, rouge, brun violacé) dite
de « grand feu » (car cuite à haute température entre 800 et 1400 degrés). Les couleurs sont posées au pinceau sur fond blanc en aplats avec un fin cerne de couleur brune. On dit que les couleurs sont chatironnées.

A partir des années 1750, Chantilly obtient grâce aux indiscrétions d’un peintre de Sèvres la technique de la palette dite de « petit feu » car les couleurs sont cuites à basse température (120 à 800 degrés). La gamme des couleurs s’élargit alors à plusieurs dizaines de couleurs permettant nuances, transparences, jeux d’épaisseurs, demi-teintes et insuffle ainsi un renouveau à la décoration. L’adoption de cette palette correspond en effet à l’émergence d’un nouveau style naturaliste européen composé de fleurs, d’oiseaux, de scènes galantes, en polychromie mais
aussi en camaïeux. La pièce est passée une dernière fois au four pour fixer les couleurs.

En savoir plus:

Office de Tourisme de Chantilly

http://www.chantilly-tourisme.com/

Vous aimez aussi