Un président chez le roi De Gaulle à Trianon

Jusqu’au 9 novembre 2016, à l’occasion du cinquantenaire de la restauration du Grand Trianon, inauguré en 1966, et après le succès de l’exposition   » Le grand Trianon, de Louis XIV à charles de Gaulles » en 2015, une nouvelle exposition raconte comment le Grand Trianon devint palais de la République sous la présidence du général de Gaulle.

Le grand Trianon
Le grand Trianon

Une page méconnue de l’histoire du Trianon

En 1963, à l’initiative d’André Malraux, le général de Gaulle décide de faire entièrement restaurer et remeubler le Grand Trianon de manière à le transformer en résidence présidentielle. D’importants travaux de modernisation sont entrepris de janvier 1963 à juin 1966 pour pouvoir accueillir les chefs d’État étrangers en visite officielle, et les loger dans un cadre digne de la grandeur de la France.

Salon des Glaces au Grand Trianon - 1966 ©Château de Versailles (RMN-Grand Palais)
Salon des Glaces au Grand Trianon – 1966 ©Château de Versailles (RMN-Grand Palais)

L’aile de Trianon-sous-Bois, entièrement remeublée en style Empire devient un lieu privé, un espace de vie et de travail, dévolu au président de la République, alors que ses homologues étrangers résident dans l’aile opposée du bâtiment. Les réceptions se déroulent dans les grands salons de Trianon et dans la galerie des cotelle.

Tout au long de la Ve République des hôtes illustres se sont ainsi succédé au Grand Trianon et notamment : en 1969, le président américain Richard Nixon ; en 1972, la reine d’Angleterre Elisabeth II ; en 1992, le président de la Russie Boris Eltsine ou plus récemment Xi Jinping, le président de la République Populaire de Chine à l’occasion de sa visite officielle en France en 2014.

L’exposition

L’exposition permettra de comprendre le processus de décision qui a amené le général de Gaulle et son ministre des Affaires Culturelles à faire de Trianon un lieu de réception officiel. Seront ainsi retracées les étapes d’un colossal projet de restauration et d’aménagement mené à partir de 1963 par un quatuor de spécialistes éminents : Marc Saltet (architecte en chef du domaine de Versailles), Gérald Van Der Kemp ( conservateur en chef du domaine de Versailles, Jean Coural (Administrateur du Mobilier national) et Serge Royaux (décorateur du Mobilier national).

Réception à l’occasion du tricentenaire de l'Académie des sciences, Grand Trianon, 1966. ©Archives nationales (France)/Service photographique de la Présidence
Réception à l’occasion du tricentenaire de l’Académie des sciences, Grand Trianon, 1966.
©Archives nationales (France)/Service photographique de la Présidence

Près de 250 ouvriers et artisans y participent durant 3 ans. Le défi de ce chantier est de rendre des bâtiments historiques propices à l’accueil et au logement de personnalités de haut rang. Il fallait donc restaurer des espaces en mauvais état (architecture, décors, mobilier…) tout en intégrant des considérations de confort, de modernisation technique et de fonctionnalité, propres aux standards de l’époque. Les interventions menées ont donc aussi bien concerné les maçonneries, les menuiseries, les boiseries, les parquets, la peinture, les cadres des tableaux encastrés, que l’équipement électrique des lustres et appliques, la création d’une cuisine, d’une chaufferie ..

Les choix de 1963-1966 pour l’ameublement des espaces historiques

Dès 1956, la commission en charge du remeublement de Versailles demande à ce que le Grand Trianon soit adapté pour l’organisation de réception officielles. Lorsqu’en 1959 on envisage l’aménagement du lieu en résidence pour hôtes de la France, les porteurs du projets concluent qu’un programme de restauration de la totalité du bâtiment, de ses meubles et de ses objets d’art est nécessaire. L’architecte Marc Saltet préserve les dispositions de la fin du règne de Louis XIV en conservant notamment les précieuses boiseries, mais n’hésite pas à modifier la distribution du bâtiment : un escalier est créé dans la galerie du rez-de-chaussée, des cloisons sont abattues pour aménager le salon des huissiers, des panneaux de menuiserie sont supprimés au bénéfice des textiles.

Antichambre de la Chapelle. Les boiseries sont restaurées sur place. © château de Versaille
Antichambre de la Chapelle. Les boiseries sont restaurées sur place.
© château de Versaille

l’ameublement et la restauration des meubles et des objets d’art des salons du Grand Trianon (hors Trianon-sous-Bois) est conduite de manière exemplaire, par Gérald Van der Kemp, conservateur du château de Versailles, et Denise Ledoux-Lebard, spécialiste du décor Empire. Pour les peintures, le parti-pris choisi est de raccrocher tous les tableaux de la commande de 1688 passée par Louis XIV qu’il est possible de rassembler. En revanche, pour le mobilier et les objets d’art, c’est l’état Napoléon de 1809-1810 qui est privilégié. Quelques objets Louis-Philippe sont également ajoutés, mais seulement dans les pièces réaménagées sous la Monarchie de Juillet (salon de famille, chambre de la reine des Belges).

Vue du cabinet topographique de l'Empereur © EPV / Jean-Marc Manaï
Vue du cabinet topographique de l’Empereur, grand Trianon © EPV / Jean-Marc Manaï

Le Mobilier National a replacé certains meubles qui avaient quitté Versailles mais n’avaient pas été vendus, comme le lit de Napoléon, qui a été récupéré au château de Maisons-Laffitte, et certaines petites tables vide-poches ou travailleuses du salon des Glaces. Le grand lit doré de la chambre de l’Impératrice conserve son aspect Louis-Philippe, tout comme la table de toilette et la psyché qui avaient reçu des bras de lumière de la reine Marie-Amélie. Quant aux torchères de malachite du salon de l’Empereur, remaniées en 1838, elles sont remises en « état Empire ».

Chambre de l'Impératrice, grand Trianon
Chambre de l’Impératrice, grand Trianon

Lorsqu’il n’a pas été possible de replacer les meubles, vendus par la Troisième République, des substitus tirés des palais détruits (Tuileries, Saint-Cloud, Meudon) ont été installés, mais toujours avec le parti de garnir les sièges avec les soieries reproduites de la pièce dans laquelle ils prenaient place à Trianon. Ainsi dans le cabinet particulier de l’Empereur, les sièges de Saint-Cloud portent la soierie verte « aux fleurs impériales » de 1813. Depuis, en 1990, un fauteuil a pu être racheté, qui a repris sa place avec cette même soierie, ainsi qu’une chaise. Mais le bureau ayant disparu, un guéridon en mosaïque de Florence, provenant de l’Elysée-Murat, l’a remplacé, conférant à cette pièce un caractère de salon. Le fauteuil de bureau de Napoléon a également pu être remis en place.

Une partie de la présentation sera également consacrée à la perception dans l’opinion publique et politique de l’arrivée de la Présidence de la République à Trianon. L’exposition révèle, enfin, les rouages de l’organisation des quatre visites officielles qui ont eu lieu sous la présidence du général de Gaulle.

Tout au long du parcours, des documents d’archives, pour certains inédits (notes de cabinet, discours, coupures de presse, croquis d’architecte …), des vidéos, et des photographies permettront de se plonger dans l’effervescence du Grand Trianon des années 1960.

 Bureau du général de Gaulle, grand Trianon.
Bureau du général de Gaulle, grand Trianon.

Dans le prolongement de cette présentation, les appartements du général de Gaulle remeublés pour l’occasion par le Mobilier national dans leur « état 1966 » seront présentés pour la première fois.

Les appartements privés du général de Gaulle sont installés dans l’aile de Trianon-sous-Bois qui se situe au bout de la galerie des Cotelle. C’est la seule partie du Château comportant un étage. Le Mobilier national assure la décoration et le remeublement de ces espaces, en recherchant tout autant le confort moderne que le respect du style Empire présent dans le reste du palais. Ce souci de cohérence historique s’accompagne d’une volonté de valoriser le savoir-faire français dans le domaine de la confection des textiles anciens (rideaux, tapis, literies, garnitures de sièges…).

Chambre à coucher du général de Gaulle, grand Trianon © château de Versailles, JM. Manaï
Chambre à coucher du général de Gaulle, grand Trianon
© château de Versailles, JM. Manaï

Ceux-ci comprennent sept pièces situées au rez-de-chaussée : un salon d’attente, un salon des Huissiers, deux bureaux d’aides de camp, le bureau du général de Gaulle, un salon de famille et une salle à manger. Le circuit de visite se prolonge en sous-sol dans les vastes cuisines conçues pour servir aux réceptions officielles.

L’exposition célèbre ainsi les 50 ans d’une restauration exemplaire et rappelle le rôle majeur joué par le château de Versailles dans les relations diplomatiques françaises.

En savoir plus:

http://www.chateauversailles.fr/

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