Retour d’Asie – Henri Cernuschi, un collectionneur au temps du japonisme

L’exposition Retour d’Asie, convie les visiteurs à suivre les pas d’Henri Cernuschi, depuis son voyage en Extrême-Orient jusqu’à son retour à Paris où il crée l’un des tout premiers musées d’art asiatique.

Cette exposition proposée à l’occasion de la célébration du 150ème anniversaire du retour d’Asie d’Henri Cernuschi invite à découvrir, ou redécouvrir, l’itinéraire du voyageur et collectionneur dont la contribution novatrice a permis de faire éclater en Europe la révolution du goût connue sous le nom de japonisme.

Mañjusri chevauchant un lion, Dynastie Ming (1368-1644), XVe siècle, Chine. © Paris Musées / Musée Cernuschi

Les découvertes et nombreuses acquisitions d’Henri Cernuschi (1821-1896) réalisées tout au long de son parcours depuis le Japon, la Chine, puis l’IndonésieCeylan et l’Inde l’inciteront à constituer l’une des plus importantes collections européennes d’art asiatique de son temps et à fonder le musée qui porte son nom, dont le rayonnement se prolonge jusqu’à aujourd’hui.

Brûle-parfum. Dynastie des Qing (1644-1912). Bronze. Paris, musée Cernuschi.

De 1871 à 1873, ce sont près de 5000 œuvres d’art – bronzes, céramiques, peintures, estampes, objets en bois laqué et sculpté, photographies ou livres illustrés – qui voguent sur les océans jusqu’à Paris. Les objets d’art chinois et japonais qu’il a rassemblés exercent immédiatement une fascination considérable sur les artistes et artisans de l’époque, et deviennent des modèles pour toute une génération de créateurs en Europe.

Plat. Bronze, émail cloisonné. Musée Cernuschi, musée des Arts de l’Asie de la Ville de Paris.

Parallèlement, Cernuschi achève son œuvre en créant pour sa collection un écrin unique. Son musée, pensé comme un temple des arts asiatiques, devient un des hauts lieux du japonisme parisien…

Première partie : Le voyage en Asie

L’année même où Jules Verne publie Le Tour du monde en 80 jours, Henri Cernuschi découvre l’Asie, véritable but d’un voyage autour du monde entrepris en compagnie de Théodore Duret (1838-1927), critique d’art, compagnon de route des impressionnistes, journaliste et écrivain français. Après avoir traversé le continent américain et l’océan Pacifique, Henri Cernuschi aborde le Japon, avant de gagner la Chine, puis l’IndonésieCeylan et l’Inde. Le collectionneur est marqué par la richesse artistique des pays qu’il visite. Tout au long de son séjour en Asie d’octobre 1871 à décembre 1872, Henri Cernuschi acquiert plusieurs milliers d’objets sur les marchés de l’art japonais et chinois, en particulier des bronzes, dont il est le premier à comprendre la valeur ; mais également des céramiques, des estampes, des livres illustrés, des peintures, des photographies et des objets en bois laqué et sculpté.

Ce voyage est à l’origine d’une des plus importantes collections d’art asiatique en Europe. Il est illustré dans la première section du parcours de l’exposition par la présentation d’une sélection de chefs-d’œuvre japonais et chinois du fonds Cernuschi.

Recueil des traditions de jadis et de naguère (Kokon chomon ju), Époque Edo (1603-1868), fin du XVIIe siècle, Japon. © Paris Musées / Musée Cernuschi

Deuxième partie : Le retour à Paris

De retour à Paris, Henri Cernuschi expose immédiatement ses trésors au public. Un très grand nombre d’objets de sa collection sont présentés à l’occasion de manifestations publiques telles l’exposition de 1873 au palais de l’Industrie, l’exposition rétrospective du métal en 1880 et l’exposition rétrospective de l’art japonais en 1883. Ses œuvres chinoises et japonaises sont bientôt perçues par les artistes et les artisans de l’époque, comme Gustave Moreau (1826-1898) ou Émile Reiber (1826-1893), directeur des ateliers de dessin de la maison Christofle, comme dextraordinaires sources d’inspiration. Le répertoire des formes et des motifs, l’innovation technique des pièces de la collection Cernuschi, deviennent des modèles pour toute une génération de créateurs. Cette influence considérable se prolongera jusqu’aux premières décennies du XXe siècle, comme l’atteste la production du sculpteur animalier François Pompon (1855-1933).

Brûle-parfum zoomorphe. Bronze. Japon. XVIII-XIXème siècle. Paris, musée Cernuschi.

Troisième partie : La collection et le futur musée Cernuschi

Fidèle à ses intuitions visionnaires, Henri Cernuschi fait ériger en 1874 un hôtel particulier pensé dès l’origine comme un espace muséal, dans un quartier récemment aménagé à proximité du parc Monceau. Vivant entouré de ses collections et accueillant les artistes et les amateurs d’art asiatique, Cernuschi fait de sa « maison musée » l’un des hauts lieux du japonisme jusqu’à sa mort en 1896. Il lègue son hôtel particulier et ses collections à la Ville de Paris, pour devenir le musée des arts de l’Asie de la Ville de Paris, qui ouvrira au public en 1898.

Émile Reiber (1826-1893) pour Christofle et Cie, Vase Deux Poissons, 1874. © Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

Musée Cernuschi

7 avenue Vélasquez, 75008 Paris

exposition jusqu’au 4fevrier 2024

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