Ce service en porcelaine de Meissen a été offert en 1737 par Auguste III, roi de Pologne et électeur de Saxe, à Marie Leszczynska, reine de France. Il s’agissait, sans doute, d’apaiser les tensions demeurées encore très vives entre son pays et la France à l’issue de la guerre de Succession de Pologne qui avait écarté du trône le propre père de la Reine.
Dès la fin des années 1720, la production de Meissen avait fait l’objet de cadeaux diplomatiques en direction de différentes cours européennes (Autriche, Danemark, France, Russie, Naples, Venise…). Il semble que le premier présent destiné à un membre de la famille royale de France ait été justement le nécessaire de Marie Leszczynska. La France devait, à son tour, suivre cet exemple à partir de 1758 : Louis XV envoyait, cette année-là, deux somptueux services en porcelaine de Sèvres à l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche et au roi Frédéric V du Danemark.
Le service placé dans un coffret en cuir rouge décoré en or ciselé se composait à l’origine cinquante-six pièces : douze bols à thé, douze soucoupes, douze gobelets à chocolat avec leur support, une jatte à rincer, une chocolatière, un pot à lait, deux théières et un support de théière, une boîte à sucre et une boîte à thé. Il fut confié à Maurice de Saxe, demi-frère d’Auguste III, pour être emporté en France. Le marchand-mercier Jean Charles Huet, agent de la manufacture de Meissen à Paris, fut payé en septembre 1737 pour son rôle dans la livraison du service.
Toutes Les pièces du service portent les armes d’alliance de la Reine (armes de France et de Pologne) et sont ornées d’une abondante dorure et de décors variés : Chinois de fantaisie, scènes militaires et maritimes.
À la date de l’exécution du nécessaire, la manufacture de porcelaine de Meissen, fondée en 1710, connaissait un véritable apogée. Elle était dirigée par le comte de Brühl, premier ministre de l’électeur de Saxe, ce qui montre quelle place elle occupait dans l’esprit de ce dernier.
Le nécessaire est cité dans l’inventaire qui fut dressé à Versailles peu après la mort de Marie Leszczynska et qui mentionne « l’autre caisse couverte de même basane rouge à compartiments en taffetas bleu, garnie de très belle porcelaine de Saxe… ».
On constate, dans ce document, que la Reine possédait de très nombreuses pièces de porcelaine de Meissen et qu’elle semble avoir eu un goût sincère pour cette production. L’inventaire décrit, en effet, plusieurs paires de flambeaux, notamment dans le boudoir, une vingtaine de figures et de groupes sculptés, une quinzaine de vases d’ornement et de pots-pourris et, dans le cabinet, « une garniture de cheminée composée de 5 vases de porcelaine de Saxe à fleurs, façonnés en mosaïque à fleurs bleues… ».