Le service « bleu céleste » de Louis XV est le premier service de table complet livré par la nouvelle manufacture royale alors installée dans l’enceinte du château de Vincennes , c’est-à-dire comprenant l’ensemble des pièces de « porcelaine française » nécessaires à tous les services du repas y compris le fruit. il se composait de 1749 pièces dont certaines présentaient des formes nouvelles, à contours et ornements en relief créées spécialement pour le roi par son orfèvre Jean Claude Duplessis.
Commandé en 1751, le service est acheminé pour la première fois le 24 décembre 1753, après avoir été exposé au public chez le marchand mercier Lazare Duvaud. La dernière livraison date de décembre 1755. 28 « plats d’Entrées et d’Entremets » furent livrés au Roi le 31 décembre 1755 pour la somme de 240 livres pièce. Les plats d’entremets étaient utilisés au XVIIIème siècle pour servir des mets entre les rôts et les desserts.
Soucis d’argent ou lassitude, en juillet 1757, le roi vend une importante partie du service – soit 140 pièces environ – à Étienne-François de Choiseul, comte de Stainville, alors ambassadeur de France à Vienne.
Le service de Louis XV fut utilisé par la famille royale jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. Il fut transféré au Petit Trianon, sans doute en 1778, et utilisé jusqu’à la veille de la Révolution, par la reine Marie-Antoinette.
Ce service utilisait une couleur également nouvelle, créée en 1753 par Jean Hellot, directeur de l’Académie des Sciences et récemment attaché à la Manufacture royale. Proche du bleu égyptien et très apprécié sur la porcelaine chinoise d’où il tirait son nom de bleu céleste, ce bleu turquoise intense n’était utilisable qu’à sec sur un mordant et non au pinceau. C’est une couleur de fond.
Les décors sur l’aile de la pièce sont disposés de façon tripartite. On observe l’alternance des trois grands lobes destinés à recevoir les cartouches peints avec les trois petits lobes, à décor de palmes, de groseilles et de feuillages en relief. Le bassin du plat, laissé en blanc, est orné en son centre d’un très beau décor de fleurs et de fruits (comprenant notamment une grenade, une pêche et des cerises). L’aile est recouverte du fond bleu céleste. Trois réserves ont été ménagées sur l’aile pour recevoir des guirlandes de fleurs et de fruits. L’aile, séparée du bassin par un filet d’or, est ornée d’une dorure composée de motifs de sequins enfilés, d’épines de roses et de fleurs que l’on retrouve sur les autres pièces bien attestées du service.
La décoration polychrome
Lorsqu’une série de pièces comportant ainsi le fond coloré conforme était disponible, on pouvait alors engager la décoration.
Le premier travail des peintres de la manufacture consistait à choisir le juste emplacement des bouquets puis, utilisant des poncifs ou non, commencer la décoration. L’ensemble du décor était planté avec toutes les couleurs, mais très discrètement avec les rouges de fer et les noirs. Avec toutes les autres couleurs le peintre s’efforçait de donner la plus de modelé possible aux feuilles et aux fleurs. La pièce était séchée puis cuite.
A cette première cuisson, l’ensemble du décor était devenu pâle, plat et grisonnant. Il fallait «repiquer». On ajoutait de la couleur et le plus de modelé possible.
Nouvelle cuisson, là les couleurs prenaient de la vivacité et commençaient à devenir chatoyantes. La pièce revenait au peintre qui appliquait les rouges de fer et traçait en noir, les nervures des feuilles ainsi que leurs tiges et ajoutait de la couleur là où il en fallait. Nouvelle cuisson et selon le
résultat, on procédait ou non à une dernière repique. Chacune de ces cuissons se réalisait en températures décroissantes pour ne pas compromettre le travail précédent.