Cet ensemble de sièges se trouvait dans l’appartement que Madame Récamier occupait à l’Abbaye-au-Bois, rue de Sèvres à Paris. Il a vraisemblablement été créé pour l’un des salons de Juliette Récamier (1777-1849) à l’hôtel Récamier rue du Mont-Blanc à Paris, dans un quartier devenu à la mode en ce début de XIXe siècle. Ces meubles sans doute réalisés par Jacob Frères sont emblématiques du mobilier du début du XIXe siècle.
Des sièges à l’antique
Ce salon est composé d’un lit de repos, de deux bergères, deux fauteuils, deux chaises et un tabouret. Le lit de repos, qui reprend la forme des banquettes antiques, est composé de pieds patinés donnant l’impression d’être en bronze. Les pieds antérieurs sont en balustre et les pieds postérieurs à l’étrusque.
Ce lit de repos est composé de deux dossiers à crosse amortis par des mufles de lion en bois patiné, ornement rappelant également le mobilier antique. Sur son portrait peint par Jacques-Louis David (département des peintures, musée du Louvre), Juliette Récamier pose sur un lit de repos très semblable que David avait dû se faire fabriquer expressément pour meubler son atelier par Jacob.
Les autres sièges reposent sur les mêmes pieds postérieurs à l’étrusque et antérieurs en balustre. On retrouve les mufles de lion sur les chaises ; les supports d’accotoirs des bergères et des fauteuils prennent la forme de sphinges ailées dressées sur leurs pattes arrière, motif souvent utilisé par Jacob Frères. Quant au tabouret en X dont les pieds sont terminés par des pattes de lion, il évoque les sièges de l’Antiquité romaine.
Le jeu des matières
Depuis l’abolition du système des corporations par la loi Le Chapelier en 1791, les ébénistes et les menuisiers pouvaient travailler indifféremment les bois de menuiserie et les bois de placage. Ainsi, au début du XIXe siècle, voit-on apparaître sur des meubles qui dépendaient auparavant de la menuiserie des techniques d’ébénisterie. C’est le cas pour cet ensemble plaqué de citronnier et d’amarante. Sur les ceintures et les montants des sièges, le placage de citronnier est mis en valeur par des liserés d’amarante. Ce mobilier était garni, comme nous le révèlent les illustrations de cet ensemble qui nous sont parvenues, de casimir bleu. Il s’agissait donc d’un mobilier d’une grande sobriété formelle mais animé par une vive polychromie.
Musée du Louvre
Département des Objets d’art : XIXe siècle
http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/salon-de-madame-recamier