Sièges en Société, du Roi-Soleil à Marianne

Le Mobilier national présente , à la Galerie des Gobelins, une exposition unique retraçant plus de trois siècles de l’art du siège en France. Dans une scénographie signée Jacques Garcia, plus de trois cents sièges, exclusivement issus des réserves du Mobilier national, seront restitués dans leur environnement d’origine et présentés à la Galerie des Gobelins, au fil de huit sections. «Sièges en Société » permet de mettre à l’honneur la collection exceptionnelle du Mobilier national, l’une des plus riches collections de sièges au monde, et de valoriser l’ensemble des métiers qui participent au processus de création du siège.

Ce fauteuil de représentation est issu d’une
paire réalisée par Bellangé selon les dessins
de Percier et Fontaine pour le roi de Rome
aux Tuileries, livrée en 1814.

UNE EXPOSITION ORIGINALE

À travers huit sections, le visiteur découvrira les pièces restituées dans leur environnement d’origine. L’exposition reflète les différents corps de métier, la capacité à mener des réflexions scientifiques, à créer et à perpétuer les gestes et savoir-faire pour les générations futures. L’exposition commence dans la nef du rez-de-chaussée de la Galerie des Gobelins, par une mise en perspective de la longue tradition du siège parisien, où créations anciennes et contemporaines, savamment choisies, sont présentées ensemble. A l’étage, la nef supérieure présente le siège sous un double prisme, tout à la fois forme individuelle et élément en symbiose avec son environnement architectural et décoratif, porteur de significations différentes selon le cadre privé ou public – les lieux du pouvoir – où il se trouve. On est là, s’agissant des lieux de pouvoir, au cœur même de l’identité du Mobilier national.

Fauteuil de bureau, acajou massif, canne,
vers 1785, estampillé Georges Jacob; ornait
le château de Saint-Cloud au XIXe siècle.

Le Mobilier national, grâce au rythme ininterrompu des commandes d’État depuis deux siècles, possède l’une des plus riches collections de sièges au monde. Celle-ci présente un échantillonnage presque complet de l’art du siège en France. Plus de trois cents exemplaires, exclusivement tirés des réserves du Mobilier national, sont présentés .

L’exposition  met à l’honneur l’ensemble des métiers qui participent à la création du siège : menuisiers, peintres-doreurs, tapissiers, intermédiaires du marché de l’art, ornemanistes (designers) et commanditaires.

Le ton est donné d’emblée dans la nef du rez-de-chaussée de la Galerie des Gobelins où créations anciennes et contemporaines, savamment choisies, sont présentées ensemble. L’exposition commence ainsi par une mise en perspective de la longue tradition du siège parisien.

Ce fauteuil de représentation est issu d’une
paire réalisée par Bellangé selon les dessins
de Percier et Fontaine pour le roi de Rome
aux Tuileries, livrée en 1814.

Une série de questions vient à l’esprit: pourquoi le Mobilier national a-t-il été amené à serrer dans ses réserves un nombre si important de sièges ? Quelles sont les interventions autorisées ? En quoi les usages actuels interfèrent sur l’aspect patrimonial des collections ?

Au-delà de la production, l’atmosphère et le processus de création, qui ont fait la gloire des ébénistes parisiens partout en Europe pendant des siècles, sont suggérés. Bois sculpté, peint ou doré, boiseries, pieds de table, mais aussi tapis, tapisseries, cartons de tapisserie, véhiculant un surcroît d’imaginaire, sont autant d’éléments qui entretiennent un dialogue étroit avec ces créations exceptionnelles.

Ce rocking-chair, réalisé par l’Atelier
de recherche et de création du Mobilier
national d’après un projet de Richard
Peduzzi

Rupture de style ensuite quand s’ouvre symboliquement, au seuil de l’escalier, la période révolutionnaire. De style uniquement car l’effervescence créatrice, quant à elle, continue sur sa lancée : la création de nouveaux modèles vient enrichir la typologie du siège et les artistes-ornemanistes, les peintres et les architectes bouleversent volontairement, sous forme de manifestes créateurs, l’environnement de leurs contemporains, en leur renvoyant leur propre imaginaire sur la scène, à la cour et à la ville. Les styles historiques sont autant de prétextes à révéler une forme latente des aspirations culturelles contribuant à faire du siège un manifeste esthétique.

Sièges en société, du Roi-Soleil à Marianne » : scénographie de Jacques Garcia

La nef supérieure présente le siège sous un double prisme, tout à la fois forme individuelle et élément en symbiose avec son environnement architectural et décoratif, porteur de significations différentes selon le cadre privé ou public–les lieux du pouvoir–où il se trouve. On est là, s’agissant des lieux de pouvoir, au cœur même de l’identité du Mobilier national. Plutôt que de recréer les espaces de vie du XIXe siècle, le choix a été fait de présenter les sièges, dont une grande partie provient des aménagements post-révolutionnaires de Napoléon Ier, dans un environnement de réserve avec le vrac apparent des racks et des caisses de transport propice à une lecture multiple, chronologique, esthétique et sociale. Une vision qui s’ancre dans le réel grâce à la présence d’un tapis gigantesque suggérant les parements au sol sur lesquels reposaient les sièges. Et renvoie au large éventail de lieux– palais de la République, ambassades de France à l’étranger, musées… –qui accueillent les productions du Mobilier national.

Carte blanche à Jacques Garcia

Même si la Révolution de 1793 a dispersé la presque totalité des sièges, une évocation du pouvoir dans sa majesté d’Ancien Régime était incontournable : le grand style versaillais n’a cessé d’être une référence pour tous les régimes qui se sont succédés depuis la Révolution. Cet intérêt rétrospectif permet en outre de poser la question de l’authenticité : la collection de modèles, constituée dès Napoléon III et Eugénie, permet d’élaborer des copies, des interprétations, des créations originales «dans le goût de ». Le siège, depuis toujours, ne cesse d’être utilisé, consolidé, repris.

Transition toute trouvée vers la scénographie finale qui, à l’heure d’aborder son avenir, fait du siège, confronté aux exigences du pouvoir, un « meuble » au sens premier du terme : les sièges n’ont d’autre écrin que les tentes, provisoires, des anciennes collections de la Couronne dans une mise en abyme soulignée par le fugitif des flammes derrière l’exceptionnelle collection d’écrans de cheminée : un démenti à la justification du siège en quelque sorte !

LE PARCOURS DE L’EXPOSITION

A travers huit sections, le visiteur découvrira les pièces restituées dans leur environnement d’origine. Elle reflète les différents corps de métier, la capacité à mener des réflexions scientifiques a créer, et à perpetuer gestes et savoir-faire pour les générations futures.

/ Nef du rez-de-chaussée Témoignages des différentes techniques et corps de métier.

L’Atelier / 50 sièges

Espace d’introduction évoquant d’emblée le caractère historique du siège, son ancrage parisien et son rayonnement dans les société de l’ère moderne. Évocation de l’atelier par excellence : du menuisier en sièges, de l’ébéniste, avec la mise en évidence des différents matériaux de construction – bois, métal, cannage–, et de l’art du sculpteur. La sculpture fait le lien avec toutes les composantes du décor et de l’ameublement. La présentation des sièges se fait devant des tapisseries de l’Histoire du Roy, à dominante fleurdelisée.

Le revêtement / 40 sièges

Voué à l’art du peintre-doreur: qualité de la peinture et de la dorure sous l’Ancien Régime, types diversifiés de dorures jusqu’au XXe siècle. Dorure sur métaux, vernis sur métaux appliqués à l’art du siège. Présentation de chefs d’œuvre de peinture et de dorure de Georges Jacob. Ici comme exemples : un trumeau du règne de Louis XV, une alcôve en bois peint, des portes de bibliothèque en chêne sculpté des années 1740, provenant de l’ancien fonds du Garde-Meuble de la Couronne. Ces dernières feront lambris et vitrines tout autour de la pièce pour y disposer des outils anciens et modernes, ainsi que des éléments de marquage. Cet espace doit suggérer la dimension ornementale du répertoire stylistique d’une époque. Chaque essence est exploitée selon la mode du temps : noyer et hêtre au XVIIIe siècle, acajou néoclassique et palissandre vers 1830. Exemples remarquables de conservation de peinture et de dorure anciennes, un fauteuil de Marie-Antoinette, un siège du comte de Provence provenant de Versailles.

L’art du tapissier / 25 sièges

Voué à l’art du tapissier: lit Louis XVI à la polonaise, à la tapisserie reconstituée et sièges garnis ou regarnis suivant les caractéristiques des époques qui les ont vu naître. 25 sièges dont des exemplaires pour la famille royale sous Louis-Philippe ayant gardés leur couverture, sièges en tapisserie des Gobelins ou de Beauvais des XIXe et XXe siècle. Cartons de tapisseries de sièges et fragments de textile aux cimaises.

/ Cage d’escalier Typologie du siège dans son contexte historique et social ; choix de conception de l’ornemaniste-designer.

L’ornemaniste / 15

sièges Typologie nouvelle des sièges dans une progression chronologique, suggérée par la présentation sur la volée Nord, entre le palier intermédiaire et le palier supérieur. Importance des ornemanistes ou concepteurs designers. Deux tapisseries de l’Histoire d’Henri IV d’après Vincent (Henri IV dînant chez le meunier Michaud et L’Évanouissement de Gabrielle d’Estrées) sur les murs de la cage d’escalier.

/ Nef du premier étage Sièges présentés dans leur signification sociale, à la fois symbolique et conceptuelle.

Société de sièges / 100 sièges

Usage des sièges dans le contexte d’une représentation sociale : au centre, sièges de salle à manger; sur des podiums latéraux, sièges de salon ou de boudoir, sièges de cabinets de travail. Une cimaise est consacrée aux canapés et aux lits de repos.

Le Roi-Soleil : Versailles aux Gobelins / 15 sièges

Ouverte sur l’extérieur côté jardin afin de redéfinir le lien entre impulsion politique, conceptualisation de la création et artisanat d’exception, concentrés sur un lieu privilégié : le site des Gobelins. Exemplaire et étroitement lié à l’histoire du lieu, le mécénat de Louis XIV se matérialise au travers d’éléments en partie inédits : trumeau, console, banquettes, guéridons et environ 15 sièges. Spécificité historique, en partage avec le reste des lieux privilégiés parisiens mais ici amplifiée par l’intervention de l’État.

Le pouvoir mis en scène / 15 sièges

Le siège dans la perspective du pouvoir: sièges d’étiquette, de représentation, de mécénat d’État. Mise en évidence de ce qui fait sens dans la réalisation d’un siège de pouvoir. Le passage du mécénat princier au mécénat d’État, au travers de commandes officielles. Scénographie envisagée (non retenue) : disposition sur des gradins devant matérialiser la gradation de l’étiquette, pour les sièges de cour, les commandes d’État au XIXe au XXIe siècles. Deux cimaises sont consacrées à cet élément oublié de l’ameublement à l’époque classique : l’écran de cheminée, dont tous les exemplaires présentés ont conservé leur feuille d’origine. La porte centrale de sortie est magnifiée par le dais du Trône de Napoléon III de l’exposition universelle de 1867, avec dans l’axe une tapisserie contemporaine : Mercredi 14 juillet fête nationale, d’après Denis Doria.

En savoir plus:

Le Mobilier national présente jusqu’au 24 septembre 2017, à la Galerie des Gobelins.

www.mobiliernational.culture.gouv.fr

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