La table d’accouchée appartient à l’ensemble de meubles à combinaisons, modulables, inventés durant la deuxième moitié du XVIIIe siècle, tels que la table de chevet, la table à en-cas ou encore la table de bureau de dame et les tables à ouvrages.
Ce type de meuble se développe à partir du règne de Louis XV, qui en a produit la plus grande quantité, quoique ce type de meuble demeure assez peu répandu. Plus rares encore sont les meubles de style Transition et Louis XVI.
Très soignée, cette table est plaquée en bois exotiques et indigènes, ornée sur ses deux plateaux d’une marqueterie florale (surprenante car assez proches des motifs des années 1670-1720) ceinte de placage en aile de papillon de bois de rose, elle-même encadrée de filets de buis et de bandes de satiné contrastant.
Cette ravissante table d’accouchée présente la ligne particulière des meubles des années 1760-1770, hésitant encore entre la courbe du style Louis XV qui résiste à travers la forme du piètement, et la caisse sur laquelle la ligne droite néoclassique s’est déjà imposée. Le décor plaqué et marqueté témoigne de la même hésitation.
La table de lit s’enfile sur la table à écrire au-dessous. La jonction entre les deux meubles se superposant devait être quasiment invisible au moment où le meuble est sorti de l’atelier de Pierre (III) V Migeon. En effet, l’ébéniste a repris sur le piètement de la table de lit le même bois que sur la table à écrire, et a scrupuleusement conservé le sens du fil. Il a également poursuivi l’astragale de satiné. Très fonctionnel, le meuble de lit a été doté de deux glissières en acier sur lesquelles ont été disposées deux binets, afin de pouvoir l’utiliser également la nuit.
Pierre V Migeon Pierre V Migeon appartient à une prestigieuse famille d’artisans ébénistes d’origine protestante, dont tous les membres portent le prénom de Pierre. Seules les productions de Pierre IV et de Pierre V ont pu être étudiées, le 4e ayant le plus attiré l’attention. Pierre V naît en 1733 et s’éteint en 1775. Il passe la maîtrise en 1761 et conserve l’atelier de son père Pierre IV, situé rue de Charenton.
Il privilégie le commerce du meuble à la facture. Aussi est-il assez probable que l’on retrouve son estampille sur des meubles qu’il a sous-traités ou simplement commercialisés. La plupart des quelques meubles portant l’estampille de Pierre V Migeon sont de style Transition, quelques-uns offrent un style Louis XVI plus affirmé. Mais souvent leur forme et leur exécution trahissent une sous-traitance. Après la mort de l’ébéniste, sa veuve tente de maintenir l’activité, sans le succès d’une veuve Bardou… Le bilan est déposé en 1785.