Le temps des collections VI: aux origines du design moderne

La Réunion des Musées Métropolitains organise sa sixième édition du « Temps des collections ». Ce programme initié en 2012 au musée des Beaux-Arts de Rouen est conçu pour sensibiliser le public à la richesse et à la variété des collections permanentes. Rapprochements inédits, trésors issus des réserves ou des cabinets d’arts graphiques, restaurations et présentation de nouvelles acquisitions, autant de portes d’entrée permettant chaque année aux visiteurs de redécouvrir les collections, en les mettant en regard avec le prêt d’œuvres provenant d’autres musées.

L’invité central de cette sixième édition est une grande institution nationale, le musée d’Orsay, qui a fêté ses 30 ans en 2016. Sa collection considérable se déploie bien au-delà des tableaux impressionnistes, et offre un panorama très complet de l’émergence du monde contemporain. Avec les progrès de l’industrie et des techniques, dont les Expositions Universelles scandent les plus belles réussites, le XIXe siècle est une époque particulièrement riche pour les arts appliqués. Ce sont ces trésors d’art décoratif, auxquels s’associent les prêts prestigieux de la célèbre maison d’orfèvrerie Christofle, de French Lines, de l’Institut National de la Propriété Industrielle, de la collection privée d’Alexander Von Vegesach et de la Maison du Bois des Moutiers, que nous avons choisi d’inviter dans cinq musées métropolitains, avec qui elles entrent en résonance.

Les musées participants & les expositions associées :

 – Arts & Crafts, 1860 – 1914 les formes d’une utopie, musée des Beaux-Arts 

Le musée des Beaux-Arts de Rouen expose pour cette nouvelle édition un ensemble exceptionnel de chefs-d’oeuvre du mouvement esthétique des Arts & Crafts prêté par le musée d’Orsay et complété par des objets venus du Bois des Moutiers à Varengeville.

Apparu dans l’Angleterre victorienne, le mouvement Arts & Crafts a révolutionné l’univers des arts décoratifs dans la seconde moitié du XIXe siècle. Né en réaction aux conséquences de la révolution industrielle et à l’envahissement du cadre de vie par des produits standardisés conçus sans souci de la beauté, ce mouvement a pour but de produire de la beauté à l’usage de toutes les couches de la société et défend une éthique du travail manuel qui se propose de garantir le bonheur du créateur et de l’ouvrier, tout en satisfaisant l’aspiration à la beauté des usagers de toutes conditions.

Simpson Arthur (1857-1922). Paris, musée d’Orsay.1930.

 

  • Émile Gallé, alchimiste de la terre et du verre, musée de la Céramique

Émile Gallé (1846-1904), le fondateur de l’École de Nancy et l’un des grands acteurs du renouveau des arts du feu à la fin du XIXe siècle est à l’honneur au musée de la Céramique.

Le musée de la Céramique s’attachera particulièrement à présenter les innovations développées par Émile Gallé à travers l’exposition dossier consacrée à cette figure de l’Art nouveau.

 À travers une sélection d’une quarantaine de faïences, verres et œuvres graphiques, l’exposition s’attache au processus créatif d’Émile Gallé depuis ses premières réalisations dans le cadre de l’entreprise familiale, jusqu’à ses chefs-d’œuvre de verre, en explorant notamment sa richesse d’inspiration (nature, littérature et poésie, japonisme, histoire), son inventivité formelle et ses innovations techniques. Un intérêt particulier est accordé à ses faïences, une production moins connue mais portant en germe les prémices de ses grandes créations.

C’est probablement dans l’œuvre céramique de Gallé qu’il est le plus aisé de discerner ses évolutions esthétiques et l’élaboration de son style personnel, sa fascination pour la nature et principalement son attrait pour la botanique constituent désormais sa principale source d’inspiration, qui l’absorbera jusqu’à ses derniers travaux.

http://museedelaceramique.fr

– Le pouvoir de la ligne, Guimard et l’art nouveau, musée Le Secq des Tournelles

Formé à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, Hector Guimard (1867-1942) est un pionnier du style Art Nouveau. Inventif, nerveux et foisonnant, le style dynamique d’Hector Guimard lui apporte immédiatement une immense célébrité.

Une exposition autour de la ferronnerie Art Nouveau et de l’architecte Hector Guimard sera à l’honneur au musée Le Secq des Tournelles.

Parmi les chefs-d’œuvre de Guimard, il faut mentionner le bloc d’immeubles Castel Béranger (1894-1898), qui obtint en 1899 le prix de la plus belle façade de Paris, ainsi que les édicules d’entrée du métro parisien (18991904), qui immortalisèrent son esthétique. Il s’illustra comme créateur mais également comme un véritable entrepreneur, par les liens qu’il sut nouer avec les industriels pour diffuser ses modèles, en particulier avec les Fonderies de Saint-Dizier, dont plusieurs pièces sont présentées dans l’exposition : « Satisfaire au programme de chacun, utiliser les ressources industrielles modernes, profiter des progrès de la science appliquée à toutes les branches de l’activité humaine, exprimer le caractère véritable de la matière, tels sont les principes auxquels se rattache le Style Guimard et qui se résument en trois mots : Logique, Harmonie et Sentiment ».

Afin de compléter cette évocation de la ferronnerie Art Nouveau, la sélection des œuvres est enrichie de créations d’autres artistes, en particulier du Belge Gustave Serrurier-Bovy (1858-1910), ainsi que de plusieurs pièces spectaculaires issues de la collection du célèbre antiquaire Antonin Rispal (1920-2003).

http://museelesecqdestournelles.fr

– Luxe, table et volupté, l’orfèvrerie Christofle, musée Industriel de la Corderie Vallois

L’exposition proposée par le musée industriel de la Corderie Vallois retrace l’histoire de l’entreprise à travers une sélection de pièces issues des collections d’Arts décoratifs du musée d’Orsay et des collections de la prestigieuse maison Christofle tout en y associant les prêts remarquables de l’association French Lines.

Tout au long du XXe siècle, Christofle s’associa au plus grand nom du design pour se positionner à l’avant-garde du luxe. En 1830, Charles Christofle fonde la maison du même nom. Orfèvre de renom, la maison Christofle fournit depuis sa création les cours et la haute bourgeoisie du monde entier. Installée depuis 1971 à Yainville, la maison Christofle est un fleuron de l’industrie d’art du territoire de la Métropole Rouen Normandie. Elle perpétue aujourd’hui la tradition et le savoir-faire des orfèvres du XIXe siècle.

Le succès commercial

L’une des clés du succès de la maison Christofle est d’avoir, dès sa fondation, développé une politique commerciale ambitieuse et novatrice. L’entreprise met tout d’abord en place un réseau commercial afin de diffuser ses produits partout en France et à l’étranger. En 1851, Christofle installe dans le pavillon de Hanovre, boulevard des Italiens, au cœur du quartier du commerce de luxe parisien, son magasin principal. Dès la fin des années 1840, l’entreprise installe également des maisons de vente en Allemagne, en Italie, en Belgique, au Brésil et en Argentine.

Pour maintenir son monopole, Christofle fait signer des contrats d’exclusivité aux marchands avec lesquels il travaille. Ces derniers achètent la marchandise et s’engagent à faire le réassort à l’exclusion de toutes autres marques concurrentes. En échange la société Christofle assure la publicité locale et nationale. Afin de renforcer ce réseau de distribution, Christofle innove également dans les modes de diffusion de ses produits en éditant des catalogues de vente qui permettent à l’entreprise une commercialisation à l’échelle nationale puis internationale.

http://corderievallois.fr

  – L’étonnant Thonet: L’aventure industrielle du bois courbé, La Fabrique des Savoirs

La Fabrique des Savoirs s’intéresse tout particulièrement au mobilier conçu par l’ébéniste Michaël Thonet qui révolutionna les arts décoratifs avec un style innovant sur le travail des meubles en bois. Initialement conçu pour les classes populaires, le mobilier Thonet envahit rapidement tous les lieux publics : administrations, restaurants, cafés, hôtels, théâtres… A l’instar des manufacturiers alsaciens qui profiteront de leur installation à Elbeuf pour porter leur production textile à l’échelon industriel, l’ébéniste allemand permettra à son entreprise de passer de la production artisanale à la production en série grâce à son invention du procédé du bois courbé. L’exposition présentera les modèles les plus emblématiques de ce style de mobilier particulier.

La réussite de la marque Thonet réside dans le génie de son fondateur, Michaël Thonet qui a su allier la beauté des formes à la production industrielle de masse. Une success story alliant depuis ses origines l’innovation, la tradition et l’audace au service d’une production de meubles qui évolua au gré des styles. L’exposition propose de retracer l’histoire de cette entreprise familiale à travers une sélection de mobilier en bois courbé et en acier tubulaire.

http://lafabriquedessavoirs.fr

En savoir plus:

sixième édition du 24 novembre 2017 au 20 mai 2018 du « Temps des collections »

http://mbarouen.fr

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