Le château de Versailles aménage pour la première fois un espace muséographique entièrement dédié à la présentation de ses collections de pièces de service en porcelaine provenant de la manufacture royale de Vincennes-Sèvres, grâce au mécénat de la Fondation La Marck.
Un aménagement historique
Au sein d’un écrin épuré, inspiré des décors et mobiliers du XVIIIe siècle, près d’une centaine de pièces de service en porcelaine, provenant des collections de Louis XV et de Louis XVI prend désormais place dans l’ancienne salle des « buffets » de l’Appartement intérieur du Roi. Ce nouvel aménagement permet de présenter aux visiteurs des collections de pièces encore peu connues issues pour certaines des réserves du musée et de mettre en valeur les nouvelles acquisitions du château de Versailles.
Dans l’intimité des rois
Les repas dans l’intimité se développent avec Louis XV qui apprécie peu les cérémonies publiques. Dès 1769, Louis XV fait agrandir son appartement privé, et y ajoute la salle à manger dite « aux Salles Neuves » afin de mieux accueillir ses courtisans les plus proches, notamment pour les soupers de retours de chasse.
Par la suite, afin de redonner un certain lustre à la vie de Cour, Louis XVI et Marie-Antoinette inaugurent les « repas de société » donnés dans cette même salle à manger « aux Salles Neuves » auxquels sont conviés une quarantaine de personnalités considérables par leur condition ou par leur mérite. On y utilise alors, en alternance un service d’orfèvrerie et le plus beau service de porcelaine réalisé à Sèvres.
Une fois le souper achevé, la salle des « buffets » attenante, dans laquelle étaient conservés les services les plus précieux, servait de salle de billard pour les convives. Avec ce nouvel aménagement, la salle des « buffets » retrouve aujourd’hui une partie de ses attributions d’origine en devenant le Cabinet des porcelaines.
Les collections présentées
Le service aux armes de France
Commandé par Louis XV en 1738 par l’intermédiaire de la Compagnie française des Indes orientales, ce service était probablement destiné à la nouvelle salle à manger d’hiver aménagée en 1735 au second étage des cabinets du roi au château de Versailles. Il fut utilisé jusqu’à la livraison du service à fond « bleu céleste » en porcelaine de Vincennes.
Le service à fond « bleu céleste » de Louis XV
Commandé en 1751 et livré par la manufacture de Vincennes en 1753, 1754 et 1755, il comprenait 1749 pièces, dont 1266 pièces en biscuit pour le décor de la table. L’orfèvre du Roi, Jean-Claude Duplessis (1699-1774), proposa spécialement des dessins pour l’ensemble des formes nouvelles. Le chimiste Jean Hellot élabora une nouvelle couleur de fond bleu turquoise, appelée bleu céleste en hommage à l’Empire du Milieu. Ce service de Louis XV fut utilisé par la famille royale jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.
Le service à fond vert de Louis XV
Avec son décor d’oiseaux ou de fleurs au naturel, ce service provient d’un achat réalisé le 9 mars 1758 auprès du marchand mercier parisien Lazare Duvaux, installé rue Saint-Honoré. Il fut complété par des livraisons successives de la manufacture de Sèvres.
Les cadeaux diplomatiques
À partir de 1757, les porcelaines de la manufacture de Sèvres firent l’objet de cadeaux diplomatiques (services du roi Frédéric V du Danemark et de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche) et de présents de la part de Louis XV, pour distinguer le mérite de certains courtisans.
Le service à fond bleu lapis caillouté d’or
Livré à Louis XV en 1762, il se distingue par son décor floral et sa riche dorure à fond caillouté. Louis XVI l’emporta aux Tuileries et ordonna des réassortiments jusqu’en 1793.
Le service « enfants et mosaïques »
Livré à Louis XV en 1759, ce petit service de table fut commandé par l’intermédiaire du marchand faïencier, Madame Lair. Destiné à un nombre limité de convives, il fut d’abord utilisé au château de la Muette, puis complété par Louis XVI pour le château de Saint-Cloud et, enfin, pour le palais des Tuileries.
Le service mythologique de Louis XVI
Appelé aussi « grand service de Versailles », il fut commandé auprès de la manufacture royale de Sèvres, le 3 janvier 1783. Louis XVI en dressa lui-même le programme iconographique, consacré pour l’essentiel aux Métamorphoses d’Ovide, à l’Histoire romaine et au Télémaque de Fénelon. Il se distingue par son fond « beau bleu », richement rehaussé de rinceaux feuillagés peints en or. Cet ensemble devait comprendre primitivement 445 pièces et sa fabrication aurait dû être achevée en 1803. La commande fut suspendue en 1793 en raison de la mort du roi, et seules 198 pièces furent exécutées. Au début du XIXe siècle, la majeure partie du service fut acquise par le futur roi d’Angleterre, George IV, pour le château de Windsor.
Le service à « Guirlandes de Barbeaux »
Commandé en 1782 à Sèvres, ce service était destiné au Gobelet du Roi à Versailles et utilisé par les officiers de bouche du Roi. Cet important ensemble fut livré à Louis XVI entre 1783 et 1790. Il était employé dans cette pièce, sur le billard à partir de 1774, car c’est là qu’était dressée la table des officiers du Roi.
La marque de billard de Louis XVI
Destinée à comptabiliser les points, cette plaque en porcelaine de Sèvres, livrée en 1786, est ornée de bouquets et de chutes de fleurs, ainsi que de trois queues de billard et de dix billes. Elle fut inventoriée dans cette pièce en 1791, avant d’être vendue à la Révolution.
La Fondation La Marck
La Fondation La Marck, sous l’égide de la Fondation du Luxembourg, a été créée par un de ses descendants en hommage à Robert IV de La Marck, duc de Bouillon et maréchal de France, gendre de Diane de Poitiers et beau-père de Jean de Luxembourg.
La Fondation La Marck poursuit trois objectifs : sauvegarde du patrimoine et enrichissement des collections publiques, soutien à des associations qui s’occupent des jeunes ou des personnes âgées et recherches sur l’histoire du Grand-Duché du Luxembourg.
Engagée depuis 2015 en faveur du château de Versailles, la Fondation a permis plusieurs acquisitions : celle du Portrait de Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d’Artois par François-Hubert Drouais (1727-1775), du relief en plâtre façon bronze représentant le « Martyr de Sainte Victoire » par Nicolas-Sébastien Adam (1727-1775) ayant servi de modèle de présentation avant l’exécution du relief monumental en bronze ornant un autel de la Chapelle Royale du château de Versailles et, par l’intermédiaire de la Société des Amis de Versailles, la paire de biscuits en porcelaine dure, représentant deux Vestales, exécutée à la Manufacture royale de Sèvres, vers 1787-1788.
La Fondation La Marck soutient par ailleurs la restauration des Petits Cabinets de la Reine et le Boudoir de la Reine au Hameau.
En savoir plus:
http://www.chateauversailles.fr/