Unique au monde, la collection d’assiettes de porcelaines chinoises de la “Salle des porcelaines” du Palais de Santos, aujourd’hui siège de l’Ambassade de France au Portugal, illustre l’histoire de la production de céramique en Chine entre les débuts du XVIème siècle et la fin du XVIIIème siècle, et son commerce avec l’Europe.
Résidence royale depuis la fin du XVème siècle (il a été habité par les rois D. Manuel I, D. João III et D. Sebastião), le Palais de Santos, acquis en 1629 par la famille Lancastre, a subi d’importants travaux structurels entre 1667 et 1687. C’est dans cette période qu’a été réalisée l’insolite “Salle des Porcelaines”, au toit pyramidal en bois sculpté et doré, où sont encastrées des assiettes de porcelaine chinoise décorées pour la plupart en bleu et blanc. En 1870 l’Etat français loue cet édifice, pour finalement l’acquérir en 1909.
A travers un partenariat inédit avec l’Ambassade de France au Portugal, le ‘Muséu Nacional de Arte antigua’ (MNAA) présente, de la fin du mois de février à la fin du mois de mai, une exposition illustrative de près de 60 assiettes de la “Salle des Porcelaines” (où se déroulent actuellement des travaux de conservation et de restauration). C’est la première fois que les assiettes sortent du Palais de Santos. Ainsi, cette exposition constitue une rare opportunité pour venir voir de près cet ensemble de pièces singulières.
Les 300 porcelaines de Chine bleu et blanc du 16e et 17e siècle qui ornent le plafond en pyramidion du salon des porcelaines sont restituées en une installation immersive. Telle une voûte céleste sur fond de bois laqué de noir et doré, ces porcelaines témoignent de la hardiesse de l’art baroque portugais et de l’intensité des échanges maritimes entre la Chine et l’Europe dès le 16e siècle.
Le MNAAG s’est engagé dans une démarche scientifique où chercheurs chinois, portugais et français contribuent à faire connaître ce témoignage architectural unique, témoin de l’histoire des échanges mondiaux à l’aube de la période moderne.
Le salon des porcelaines du palais de Santos est un joyau méconnu du patrimoine européen et aussi chinois ; l’ensemble est éblouissant à plus d‘un titre. La très spectaculaire restitution 3D du plafond, point d’orgue de l’exposition, offre un témoignage esthétique des échanges féconds entre la Chine et l’Europe ainsi qu’une mise en perspective des apports réciproques.
En complément de la restitution 3D sera présenté un choix d’œuvres évoquant la rencontre de deux continents : porcelaines chinoises provenant du plafond et du vaisselier du palais de Santos, bleu et blanc découverts dans des épaves le long de la route maritime qui unissait l’Asie et l’Europe via le monde islamique, laques et tableaux rappelant les fastueux intérieurs européens.
Le choc esthétique que provoquèrent en Europe les magnifiques bleu et blanc chinois eut un impact décisif sur les productions des céramiques du continent européen et sur l’art européen en général : faïences et azulejos du Portugal, faïences de Delft, de Nevers, etc.
Ces productions emblématiques de l’Europe moderne s’inspirèrent largement des pièces chinoises mais aussi de la tradition islamique.
L’exposition du MNAAG, tel un récit au long cours, est l’histoire du succès d’une production chinoise qui demeura longtemps une production luxueuse aux qualités inégalées prisées par les plus riches Européens.
Deux autres étapes après Paris permettront à l’exposition de voyager en Chine, à Shanghai et à Shenyang fin 2020 et début 2021.
En savoir plus:
Lieu: Musée national des arts asiatiques – Guimet
6, place d’Iéna, 75116 Paris
Date: Jusqu’au 10 juin 2019
Site: http://www.guimet.fr