Le vélin est une peau de vélot (veau mort-né) ou de veau de lait, très fine, recherchée par les calligraphes, les miniaturistes et les relieurs pour sa blancheur, sa douceur et sa finesse. Le vélin est une spécialité apparue à la fin du Moyen Âge.
Le vélin est un parchemin utilisé pour les livres de luxe et se distinguant par sa blancheur et son côté lisse, sans aspérités. Selon le Manuel Roret du relieur « c’est un parchemin ordinaire, mais de qualité supérieure, qui a été raturé des deux côtés, amené partout à une épaisseur parfaitement égale, travaillé avec le plus grand soin, et enfin enduit d’une bouillie de blanc d’argent et de colle de peau. »
La bibliothèque centrale du Muséum d’histoire naturelle de Paris renferme une précieuse collection de 6 998 vélins. Tous de la même dimension (46 × 32 cm), ces vélins sont le support d’images naturalistes d’une extrême finesse (botanique et zoologie surtout, mais aussi minéralogie, paléontologie et anatomie comparée).
La préparation du parchemin
La préparation du parchemin s’échelonnait de six à douze semaines selon les peaux traitées (mouton, chèvre, veau, agneau) et le résultat souhaité. La première étape ou ébourrage consistait à réduire la peau au derme en ôtant les poils et les lambeaux de chair qui n’avaient pas été éliminés lors du dépeçage de l’animal.
Venait ensuite le travail de rivière au cours duquel la peau était débarrassée de ses impuretés dans l’eau. Elle était ensuite plongée dans un bain d’eau et de chaux vive qui pouvait durer une semaine et à la suite duquel on extirpait les poils et la laine. Cette opération appelée pelannage différait selon les régions. Au Proche-Orient, la peau était mise à macérer dans une infusion de substances végétales, parfois mélangées d’urine et d’excréments animaux.
Après le pelannage, les peaux retrouvaient un nouveau bain d’eau et de chaux vive d’environ deux semaines. Au cours de celui-ci, la chaux attaquait leurs protéines et leurs lipides, seul le collagène était gardé. Venaient ensuite l’ébourrage et l’effleurage c’est-à-dire le raclage des poils (la bourre) suivi de l’élimination des résidus de chair.
Chaque peau était ensuite tendue sur un cadre vertical ou herse, avec des barrettes qui perçaient le bord de la peau et étaient réunies par des cordes à des chevilles plantées sur les bords de la herse. Avant que la peau ne sèche, on la saupoudrait avec de la poudre de craie afin d’absorber la graisse en excès et d’en faciliter le ponçage avec une hachette d’édossage.
Ce raclement produisait un blanchiment et une opacification du parchemin. Lors du séchage sous tension, les fibres se disposaient en couches lamellaires parallèles à la surface de la peau et s’orientaient dans le sens des tractions exercées. C’est à cette structure que le parchemin doit la finesse et la souplesse qui le distingue des cuirs tannés et des peaux mégissées. Parfaitement sèche, la peau était poncée sur le côté fleur et le côté chair avec une pierre ponce puis elle était frottée avec une laineuse peau d’agneau.
La couleur qui peut différer des parchemins dépend de l’animal dont provient la peau : aspect gris de près avec une chèvre, « blanc-beurre » avec le mouton. Généralement on distingue selon la teinte naturelle de la peau un parchemin blanc, ivoire ou jaune. Sur les parchemins peu apprêtés, on peut distinguer les marques d’implantation des poils.
Comme on le voit, le travail de préparation a une incidence sur le produit fini, mais la qualité de celui-ci est également conditionnée par la matière première, c’est-à-dire la peau, dont la qualité varie suivant les espèces. Celle de très jeunes veaux permet d’obtenir du » vélin « , la variété supérieure de parchemin ; plus souvent cependant, les artisans travaillaient des peaux de mouton. L’âge et la santé de la bête, ou encore les blessures qu’elle avait reçues, jouaient leur rôle dans le résultat final.