Venise, une question de point de vue

Après avoir rendu hommage à Blanche Hoschedé-Monet en 2010, exploré les « Paysages d’eau » en 2013, les « Portraits impressionnistes » en 2016 et les couleurs du jour « De l’aube au crépuscule » en 2020, le musée de Louviers emmène ses visiteurs à la découverte de Venise. Bien que le sujet soit rabâché, de nombreux artistes de la fin du 19e siècle sont attirés (et saisis une fois sur place) par l’atmosphère de la cité construite sur les eaux, à l’instar de Claude Monet, James Abbott Mac Neill Whistler, Franz-Richard Unterberger ou encore Louis Aston Knight. Ils s’attardent sur les sites consacrés comme le Rialto, l’entrée du Grand Canal, Santa Maria della Salute, San Giorgio, la place Saint-Marc, le Quai des Esclavons… Mais certains sortent des sentiers battus et tentent de montrer un autre visage de Venise, profitant du développement de la Sérénissime qui leur offre de nouveaux points de vue, moins convenus, plus originaux.

Des années 1850 au tout début du 20e siècle, l’exposition Venise, une question de point de vue explorera l’image de la Sérénissime au moment où le tourisme se développe grâce à l’arrivée du train sur l’île (1846) ; où les premiers vaporetti offrent la possibilité aux voyageurs munis de leur guide touristique de se déplacer plus aisément dans la ville ; où les nombreux aménagements (construction de nouveaux ponts, développement du Lido, …) donnent un nouveau visage à la cité lacustre ; où la photographie vient progressivement supplanter les traditionnelles vedute, héritières des peintures de Guardi ou Canaletto.

Franz-Richard Unterberger, Venise, Santa Maria della Salute, vers 1885 © Musée de Louviers

L’exposition permettra de voir comment les impressionnistes et leurs contemporains ont abordé le thème de Venise en fonction du mouvement artistique auquel ils appartiennent, de la technique utilisée et de leur origine. En mettant le visiteur dans la peau d’un touriste désireux de se laisser envoûter par le pouvoir de la ville-nénuphar, le parcours dévoilera les mille et un regards portés par les artistes sur la Sérénissime, des plus « respectueux du modèle » aux plus inventifs qui n’ont pas hésité à casser les codes.

Parcours de l’exposition

Le parcours de l’exposition est un voyage au coeur de la ville. Il est conçu sur le modèle d’un guide touristique des années 1880. Il offre différents points de vue d’un même sujet afin de dévoiler les inventions plastiques des artistes qui ont cherché (ou pas) à bouleverser les codes de l’art. Dans la peau d’un touriste découvrant Venise et ses trésors, le visiteur déambulera dans les différents quartiers de la cité lacustre.

Carlo Naya, Vue du pont des soupirs, Venise, 1874. Tirage albuminé contrecollé sur carton, 34.7 x 27.2 cm. Collection particulière ©Musée de Louviers

Un long voyage, de Paris à Venise

Le voyage à Venise commence à Paris. Grâce au développement du chemin de fer, le voyageur peut faire le voyage en quelques jours en passant par des villes étapes comme Turin et Milan. En 1846, le train arrive sur les quais du Grand Canal à Venise grâce à la construction du pont des lagunes. Hérité du Grand Tour, ce voyage à Venise reste un rituel au 19ème siècle. Désormais, les personnes s’y rendent pour d’autres envies. Venise est notamment vue comme une cité balnéaire dont les eaux auraient des vertus thérapeutiques.
Artistes exposés : Albert Lebourg, Jacques Liévin, Eugène Boudin, René Ménard, Amédée Rosier, Norbert Goeneutte…

Franz Richard Unterberger, Gondoles devant Santa Maria della Salute, Venise

La place Saint-Marc

Venise semble être figée dans son passé et réduite à ses vues pittoresques, pourtant elle continue à attirer les artistes. La place Saint-Marc fait partie des sites les plus souvent représentés. De la place à la Piazzetta, en passant par le campanile et la basilique Saint-Marc, les peintres ont tenté de restituer l’atmosphère de ce coin de Venise, considéré comme la porte d’entrée principale de la ville.
Artistes exposés : Félix Ziem, Carlo Naya, Edmond Yarz, Maurice Bompard, Walter Sickert, Jacques Emile Blanche….

Le Grand Canal

Le Grand Canal et ses mille et un reflets offrent un terrain de jeu idéal pour les artistes qui ne se lassent pas de le représenter avec ses monuments emblématiques tel le Rialto.
Artistes exposés : Alexandre Promio, Félix Ziem, Pierre Georges Dieterle…

Franz Richard Unterberger, Rio Saint Geronimo Venise

Santa Maria della Salute et la Pointe de la Douane

À l’extrémité du Grand Canal, Santa Maria della Salute et la Pointe de la Douane sont indissociables de part leur proximité géographique. Ces deux bâtiments font l’admiration de nombreux peintres. Posés sur les quais de la Piazzetta, ils peuvent prendre le temps de la représenter sur leur toile, même si la révolution du soleil les empêche de le faire à certaines heures.
Artistes exposés : Franz-Richard Unterberger, Jacques Emile Blanche, Pierre Gusman, James Duffield Harding…

L’île de San Giorgio Maggiore

Site emblématique de la ville, l’île de San Giorgio Maggiore (Saint-Georges-Majeur) a été de nombreuses fois peinte. Située en face du palais des Doges, à l’entrée du Grand Canal, elle est reconnaissable à sa silhouette unique qui se dresse à la croisée du canal de la Giudecca, du bassin de Saint-Marc et du canal de San Marco au sud de la lagune. 
Artistes exposés : Albert Marquet, Henri Martin, Félix Bouchor, Amédée Rosier, Eugène Boudin…

La Giudecca

La Giudecca et son large canal offrent un panorama exceptionnel aux artistes. Les quais, les églises et les maisons situés au sud du quartier du Dorsoduro sont les principales sources d’inspiration. Les peintres s’installent sur les quais du quartier de la Giudecca pour avoir la plus belle lumière.
Artistes exposés : François Nardi, Iwill, Eugène Boudin, Félix Bouchor, Paul Signac

Marie-Joseph Léon Clavel, dit Iwill
La Giudecca-Venise Huile sur toile, 1892
Musée de Louviers
©Agnès Gaudu

Les squeri de Venise

Les squeri sont des anciens chantiers navals de construction, d’entretien et de réparation des bateaux à rames vénitiens. Ils ont une particularité architecturale qui dénote avec le paysage de la cité, ils sont construits en pans de bois. Venise en garde encore quelques exemples visibles lorsque l’on se perd le long des canaux de la ville, comme celui construit sur le canal Ognissanti, à deux pas du canal de la Giudecca.
Artistes exposés : Emile Vaucanu, Louis Aston Knight, Edgar Chahine

Au fil des canaux

En sortant des sentiers battus, le long des petits canaux, les artistes ont pu peindre l’Arsenal, la maison du peintre Tintoret ou encore un des 400 ponts qui enjambent les canaux. Certains artistes ont souhaité représenter ses richesses, moins connus et plus originaux, offrant ainsi à Venise un nouveau souffle, dépoussiérant l’image de la Cité des Doges.
Artistes exposés : Charles Lapostolet, Iwill, Maurice Bompard, Rémy Cogghe, Félix Bouchor…

La lagune

La lagune est un terrain de jeu idéal pour les peintres qui se plaisent à représenter ses eaux teintées de bleus. Loin des monuments caractéristiques de la cité des Doges, la lagune offre des points de vue infinis où le ciel et l’eau se confondent. Dans ces paysages, certains indices comme les gondoles nous rappellent que nous sommes à Venise.
Artistes exposés : Albert Marquet, Charles Cottet, James Abbot McNeill Whistler

Norbert Goeneutte, Vue de Venise, 1890. Eau forte, 27.1 x 37.6 cm, Collection particulière ©Musée de Louviers

MUSÉE DE LOUVIERS

Jusqu’au 28 octobre 2024

Place Ernest Thorel, 27400 Louviers

Entrée libre

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